Une circulaire de la Commission exécutive confédérale informe les Fédérations et Unions départementales de la création d’un « Bureau pour la main d’œuvre étrangère » à la Confédération générale du travail unitaire (CGTU). Le Comité confédéral national des 16-17 mars 1924 proclame le droit pour les ouvriers étrangers de se constituer en syndicats. Il s’agit de répondre au défi de l’organisation et de la défense des travailleurs étrangers (200 000 immigrants chaque année en moyenne de 1920 à 1924, 273 500 en 1925, la part de la population étrangère passant de 3% en 1911 à 3,9% en 1921, puis à 6% en 1926).

Source: La Vie syndicale. Bulletin mensuel de la Confédération Générale du Travail Unitaire, n°6, mai-juin 1923 (disponible sur Gallica)

Le statut adopté par le Comité directeur de l’Internationale communiste le 5 août 1924 fixe les règles organisant les rapports des « communistes de langue étrangère résidant en France » et le PCF. Tous doivent être affiliés à une section du PCF. Des « groupes de travail » sont constitués pour « intensifier la propagande, l’agitation et les recrutements » parmi eux. Ces groupes sont représentés dans chaque organisation du PCF par un délégué. La « commission exécutive » de ces groupes ainsi que leur presse est contrôlée par le PCF.

Source: Bulletin communiste, n°33, 15 août 1924 (disponible sur Gallica)

En 1926, Antonio Gramsci a 35 ans. Sept ans plus tôt, il a fondé la revue L’Ordine nuovo (L’Ordre nouveau) qui se réclame de l’expérience des conseils ouvriers et qui sera un pivot de la création du Parti communiste d’Italie en janvier 1921. Devenu un leader du parti, il est élu député de Vénétie en avril 1924. Les « lois fascistissimes » le plongent dans la clandestinité et débouchent sur son arrestation, le 8 novembre 1926, malgré sa théorique immunité parlementaire. En 1928, il est condamné à vingt ans de prison et Incarcéré dans des conditions pénibles. Malade, il finit par obtenir sa libération… et meurt deux jours plus tard, le 27 avril 1937. Rédigées pour l’essentiel pendant sa captivité, ses œuvres en font un des plus grands penseurs dans la lignée de Marx.

Source: L’Humanité, 28 avril 1937 (disponible sur Gallica)

En 1921, deux anarchistes d’origine italienne, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, sont accusés d’avoir participé à un braquage de banque meurtrier et sont condamnés à mort. Une énorme campagne mondiale en leur faveur est organisée par les communistes et les anarchistes. En France, le Secours rouge international est à la manœuvre. Trois jours avant l’exécution, prévue en principe pour le 10 août, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent au Bois de Vincennes et, le lendemain, au Manège du Panthéon. La pression internationale retarde l’exécution, mais ne l’empêche pas. Le soir du 23 août, les manifestations de colère et de deuil sont violentes et facilitent le passage du monde communiste à la stratégie de « classe contre classe ».

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Carte postale du SRI pour Sacco et Vanzetti, 1927. AN, F/7/13109.

Contrairement aux attentes, la France n’a pas été épargnée par la crise déclenchée aux États-Unis à l’automne 1929. Après l’Allemagne, elle est touchée à son tour en 1931. La production industrielle fléchit, les faillites se multiplient (dont celle de Citroën), les échanges se rétractent et les chiffres du chômage s’envolent 260 000 en 1932, 860 000 au printemps 1936). Moins violente mais plus durable qu’ailleurs, la crise économique se noue en crise morale et politique. Les relations sociales se tendent, la xénophobie se déploie et l’extrême droite retrouve une nouvelle jeunesse, dopée par l’exemple italien, puis par le dynamisme nazi.

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Marche de la faim des chômeurs du Nord, 1933. ©Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone.

Face à la crise économique, la solution semble couler de source : puisqu’il y a 300 000 chômeurs et 1,2 millions d’étrangers, pourquoi ne pas renvoyer chez eux suffisamment d’étrangers (déclaration à la Chambre du député de la Seine Louis Fourès, en mars 1933). En vertu d’une loi d’août 1932 « protégeant la main d’œuvre nationale », des trains spéciaux sont donc affrétés par les entreprises de la mine et du fer, dans le Nord et en Lorraine, en direction de la Pologne, de la Belgique et de l’Italie. En 1936, on dénombre ainsi 700 000 étrangers de moins qu’en 1931. Cette année-là la population étrangère représentait 7,1 % de la population totale ; elle n’en compte plus que 5,2 % en 1936.

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Manifestation xénophobe d’étudiants parisiens. Paris, vers 1935. ©Collection Roger-Viollet / Roger-Viollet (5079-5 / RV-378961). Lire la présentation de cette photo sur L’histoire par l’image.

Le rapport d’organisation du VII^e Congrès du PCF (11-19 mars 1932) n’évoque encore que la « Main d’œuvre étrangère », mais le Congrès prend une résolution « sur le travail du parti dans la main d’œuvre immigrée ». Elle demande que la « section centrale de la MOI » travaille sous la direction immédiate d’un membre du Bureau Politique et que tous les comités de région ou de rayon des centres importants d’immigration possède « une section de MOI » active.

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Les Cahiers du Bolchévisme, 1^er mai 1932 (disponible sur Gallica)

La crise économique en France s’amplifie et l’extrême droit progresse. Le chômage augmente à partir de 1931-1932, Le nombre de chômeurs secourus est passé de 147 009 en 1931 à 319 240 en mars 1933. La Conférence Nationale des chômeurs appelle à des marches des chômeurs. Le mot d’ordre repris par le VIIᵉ congrès de la CGTU sera de « lier les revendications et l’action de ceux qui travaillent à celles de ceux qui réclament du travail ou du pain » (Humanité, 28 juin 1933). La plus spectaculaire, partant du nord, converge sur Paris, etse déroule, en décembre 1933, entre Dunkerque et Paris. D’autres suivront à l’automne 1934, puis en janvier 1935.

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Carte établie à partir de F7 565 publiée in Histoire de la France contemporaine, tome 5, Claude Willard-Danielle Tartakowsky, Éditions sociales, 1980 ; accessible en ligne : Danielle Tartakowsky, « Chapitre 10. Crise économique et déflation : une unification « en creux » », Les manifestations de rue en France, Éditions de la Sorbonne, 1997.

Au début de 1934, attisée par plusieurs scandales, la crise politique bat son plein. Les ligues d’extrême droite (notamment l’Action française) vitupèrent le gouvernement présenté comme « une bande de voleurs et d’assassins ». Au tout début février, elles s’appuient sur les mouvements d’anciens combattants pour appeler à une manifestation au moment où le radical Édouard Daladier doit se présenter devant la Chambre des députés pour former un gouvernement. Le 6 février, les ligueurs poussent la manifestation vers la place de la Concorde, où des heurts sanglants avec la police provoquent 15 morts et 328 blessés. La riposte de la gauche, le 9 février puis le 12 février, débouche sur le mouvement puissant d’unité qui porte au pouvoir le Front populaire.

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L’humanité 6 février 1934 (disponible sur Gallica)

Face à la menace représentée par la montée des ligues fascistes et l’accession de Pierre Laval à la présidence du Conseil, les forces de gauche appellent à manifester entre la Bastille et à la Porte de Vincennes le 14 juillet 1935. 500 000 personnes participeront à cette première manifestation unitaire au cours de laquelle les forces de gauche proclament leur union, préfigurant ainsi le Front Populaire.

Source: Capture d’écran du film  Défilé des 500.000 manifestants à la porte de Vincennes, 14 juillet 1935, Ciné Archive,réalisateur anonyme, 1935, 20 min.

Au cours du 7^e Congrès de l’Internationale communiste qui se tient du 25 juillet au 21 août 1935, la stratégie du front populaire antifasciste est adoptée.

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Capture d’écran du film Le 7^e  congrès du Kominterm à Moscou, Ciné Archive, Film, réalisateur anonyme, 1935, 28 min.

Le 18 juillet 1938 débute la guerre civile en Espagne à la suite du coup d’État militaire dirigé par Franco contre le gouvernement de la République. Les dirigeants communistes français, Thorez notamment, interviennent pour que l’Internationale communiste organise l’aide et le soutien à l’Espagne républicaine. Les premiers combattants volontaires dont Epstein et de nombreux membres de la MOI partent en Espagne sans tarder avant même que le PCF soit chargé de la coordination internationale.

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Départ de brigadistes pour l’Espagne, 1936. Source : les amis de la Commune de Paris

Le 25 juillet 1938, les Républicains franchissent l’Èbre. Les Républicains tiennent la rive droite de l’Èbre mais la Catalogne est isolée et assiégée par les troupes franquistes. Le 21 septembre 1938, Negrín, chef du gouvernement de la République, fragilisée et menacée, annonce à la tribune de la Société des Nations à Genève, sur conseil des Britanniques, le retrait unilatéral des Brigades internationales. Le gouvernement républicain, pour respecter ses engagements internationaux, demande le départ des Brigades internationales. À Barcelone, se déroule une cérémonie d’adieu au cours de laquelle Dolorès Ibarruri, « La Pasionaria », leur rend un vibrant hommage: « Camarades des Brigades Internationales ! Des raisons politiques, des raisons d’État, l’intérêt de cette même cause pour laquelle vous avez offert votre propre sang avec une générosité sans limites, font que vous repartez, certains de vous dans leur pays, d’autres vers un exil forcé. Vous pouvez partir la tête haute. Vous êtes l’histoire, la légende, l’exemple héroïque de la solidarité et de la démocratie universelle » (Extrait du discours du 29 oct.1938, cité par Jean Vigreux, Le Front populaire,  1934-1938, PUF, 2011).

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Le 28 octobre 1938, la foule fait ses adieux aux brigadistes sous le panneau du Bataillon Louise Michel (Source : Les amis de la Commune de Paris).

En mai et novembre 1938, les décrets-lois du gouvernement d’Édouard Daladier alimentent la mécanique d’exclusion à l’encontre des étrangers. Si quelques garanties sont accordées aux mieux établis ainsi qu’aux réfugiés déjà installés, les textes soumettent l’entrée et le séjour réguliers à des conditions drastiques. Les infractions sont souvent punies de sanctions très fortes : refoulements, expulsions, emprisonnements, internements administratifs. Des centres spéciaux pour l’internement des « étrangers indésirables » sont prévus, le premier mis en place étant celui de Rieucros en Lozère. Par leur sévérité, les décrets fabriquent ainsi des illégaux dénoncés comme « indésirables », sans freiner pour autant l’arrivée de nouveaux réfugiés, dans un climat de grande tension internationale. Ces derniers trouvent néanmoins dans la population, dans les associations et parfois dans l’administration un certain nombre de soutiens.

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Information relative à la mise en œuvre des décrets Daladier, encadrant plus strictement le renouvellement de la carte d’identité, 2 novembre 1938. Archives départementales de la Loire, 27 1ETP503

EN SAVOIR PLUS
– Voir notamment le décret-loi du 14 mai 1938 réglementant les conditions du séjour des étrangers en France, le décret du 18 octobre 1938 modifiant le décret du 14 mai 1938 ; le décret du 12 novembre 1938 relatif à la situation et à la police des étrangers.
– Riadh Ben Khalifa, « La fabrique des clandestins en France, 1938-1940 », Migrations société, n° 139, 2012.
– Ralph Schor, « Le Front populaire et les étrangers », Musée de l’histoire de l’immigration.

La nouvelle de la signature d’un pacte entre Hitler et Staline, le 23 août 1939, est un coup de tonnerre dans le monde communiste. L’événement est d’autant plus déroutant que, au début du mois de septembre, l’Internationale entérine le pacte et engage les communistes dans une nouvelle orientation stratégique. La guerre en cours est « impérialiste » et « la division des pays capitalistes en gouvernements fascistes et démocratiques a perdu de son sens initial ». La ligne de Front populaire est donc déclarée forclose. Il faudra attendre les débuts de l’année 1941, avant même la rupture du Pacte, pour que la lutte contre le fascisme revienne franchement au premier plan.

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Le ministre soviétique des Affaires étrangères Molotov signe le pacte de non-agression germano-soviétique ; Joachim von Ribbentrop et Josef Staline se tiennent derrière lui, Moscou, 23 août. 1939. Collection Von Ribbentrop. © Archives nationales des EU.

Tirant argument de l’occupation de la Pologne par les troupes soviétiques et du soutien des dirigeants communistes français au traité germano-soviétique, le PCF et toutes ses organisations annexes font l’objet d’une interdiction et d’une dissolution. Dès le 26 septembre au soir, le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut donne ses à tous les préfets de France et au gouverneur de l’Algérie, déterminant le mode opératoire : perquisition, saisie de documents et de matériels, fermeture et mise sous scellés des locaux. Le 8 octobre des communistes sont arrêtés. Ils sont déchus de leur mandat de député le 20 février 1940, jugés par le 3e tribunal militaire permanent de Paris, condamnés à cinq ans de prison et transférés en Algérie. Le 26 octobre parait le premier numéro de l’Humanité clandestine.

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Source : Journal Officiel, 27 septembre 1939 (disponible sur Gallica)

Contrairement aux consignes de l’Internationale communiste, nombre de militants de la MOI s’engagent. Certains, comme Joseph Epstein, choisissent la Légion étrangère et non l’armée polonaise où règne l’antisémitisme. Les 21e, 22e et 23e régiments de marche de volontaires étrangers, dénommés par dérision les « régiments ficelles » en raison de leurs équipements constitués de bric et de broc composés, sont créés au sein de la Légion étrangère. Ils étaient composés majoritairement de Juifs immigrés de l’Europe de l’Est et de Républicains Espagnols.

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Davric, domaine public.

Les mesures contre le PCF ont revêtu différentes formes à commencer par l’arrestation puis la condamnation des députés, mais les dirigeants syndicaux sont également frappés. Au printemps 1940, la répression a touché plusieurs centaines de militants emprisonnés ou internés. En octobre 1940, des arrestations de masse de communistes sont organisées en zone occupée. 

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Le procès des députés communistes mars-avril 1940. En bas à gauche, on reconnait Étienne Fajon en uniforme, qui comparait libre, car mobilisé.

En juin 1941, Joseph Epstein transmet à Moscou un rapport sur la situation politique en France et notamment sur l’état d’esprit des ouvriers en France présenté comme favorable à un soutien de l’URSS si celle-ci entrait en guerre avec l’Allemagne. Dans ce rapport, on peut lire que « Nombreux sont ceux qui n’ont pas compris la politique de l’URSS et considèrent le pacte allemano-soviétique comme un acte de trahison. Avec le temps et grâce au travail du Parti, leur nombre diminue mais il reste important […] ». Il insiste par ailleurs sur le soutien que l’URSS obtiendrait s’il elle était attaquée par les allemands.

Au printemps de 1941, l’URSS s’inquiète de l’expansion nazie en Europe. Tout en maintenant sa condamnation de la « guerre impérialiste », l’Internationale enregistre l’infléchissement de plusieurs Partis communistes vers le combat contre l’occupant. Elle approuve par exemple la décision française prise à la fin du mois d’avril 1941 de créer un Front national de lutte pour l’indépendance nationale. Il faut toutefois attendre l’attaque allemande contre l’URSS, le 22 juin, pour que l’objectif stratégique redevienne ouvertement « l’écrasement du fascisme ». Le temps n’est plus à la révolution socialiste, mais au combat patriotique. Les opérations militaires et le combat politique s’entremêlent désormais.

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L’Humanité – Journal clandestin – N° spécial de juin 1941 relatif à l’attaque de l’URSS (disponible sur Gallica).

À la station de métro parisien Barbès-Rochechouart, le 21 août 1941, Pierre Georges (dit Fredo, futur colonel Fabien), membre de l’Organisation Spéciale (OS) et adjoint d’Albert Ouzoulias, responsable des Bataillons de la Jeunesse, abat un aspirant de marine de l’armée allemande. Alfons Moser est atteint de deux coups de révolver alors qu’il montait dans la voiture de première classe d’une rame à l’arrêt. Frédo réussi à fuir. Il s’exclame : « Titi est vengé ! ». Samuel Tyszelman (« Titi ») et Henri Gautherot, arrêtés à Paris lors d’une manifestation le 13 août, condamnés à mort le 18 août, ont été exécutés le 19 août. C’est le premier attentat meurtrier contre les troupes d’occupation, il symbolise le virage vers l’affrontement direct contre l’ennemi. La répression se durcit, la politique des otages est amplifiée.

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Après l’attentat à la station Barbès-Rochechouart, Von Stülpnagel, commandant en chef des troupes d’occupation en France, annonce l’exécution d’otages. Affiche du 22 août 1941 réalisée par les autorités d’occupation allemande, domaine public.

Au printemps 1942, la création-par le PCF des Francs-Tireurs et Partisans Français rattachés au Front National constitue l’officialisation et la revendication publique de la lutte armée contre l’occupant avec la perspective de la libération nationale. Les détachements de la MOI sont rattachés opérationnellement à l’organisation des FTP en particulier par des coordinations interrégionales.

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Carte postale éditée par les Francs-tireurs et partisans français, vers 1944, domaine public

La bataille de Stalingrad (11 juillet 1942 – 2 février 1943) est l’une des plus grandes défaites de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Au prix de combats acharnés, qui ont fait environ deux millions de victimes, elle constitue un tournant de la guerre. La reddition du maréchal von Paulus a eu un retentissement énorme sur la totalité des acteurs du conflit. Pour les résistants, en France comme ailleurs, elle est le signe de la possibilité concrète d’une victoire contre les fascismes. Le groupe d’action MOI de Marcel Rajman s’est ainsi donné le nom de « Stalingrad ».

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L’Humanité clandestine du 5 février 1943 annonce la reddition de l’armée allemande à Stalingrad (disponible sur Gallica)

Le service du travail obligatoire (STO) est la réquisition de plusieurs centaines de milliers de travailleurs français contraints de travailler en Allemagne. Instauré par la loi du 16 février 1943, le STO a un objectif clair pour les nazis et leurs collaborateurs vichystes : les jeunes français doivent fournir de la main d’œuvre et participer à l’effort de guerre de l’Allemagne dont les troupes subissent des revers sur le front de l’Est. À partir de l’été 1943, parmi les 200 000 réfractaires au STO, environ 50 000 choisissent le combat clandestin et rejoignent de nouvelles structures, les maquis. La France, en raison du zèle du régime de Vichy, est le troisième fournisseur de main-d’œuvre forcée en Allemagne nazie, devancée seulement par l’URSS et la Pologne.

Affiche réalisée en 1943, Archives du PCF – AD 93.

Les filatures organisées par les Brigades Spéciales de la police parisienne permettent de localiser progressivement les membres du détachement MOI. Marcel Rayman est le premier membre du groupe « Manouchian » a être repéré par les policiers des Renseignements généraux. Marcel Rayman est le premier membre du groupe « Manouchian » a être repéré par les policiers des Renseignements généraux.

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Schéma réalisé suite aux filatures de Joseph Boczor par la brigade spéciale n° 2, s.d. Nous ne savons si ce document a été réalisé par les policiers en charge de l’enquête où s’il l’a été ultérieurement. Archives du PCF / AD 93, 261J6/22.

Au matin du 28 septembre 1943, dans le 16^e arrondissement, Celestino Alfonso et Marcel Rajman abattent un officier SS. Ils apprendront bien vite qu’il s’agissait de Julius Ritter, responsable en France du Service du Travail Obligatoire. Sur ordre direct d’Himmler, la Brigade spéciale des Renseignements généraux, chargée de lutter contre le communisme, intensifie la traque. Elle aboutit en novembre au démantèlement du réseau FTP-MOI que l’occupant fait entrer dans les mémoires comme le « groupe Manouchian ».

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Julius Ritter lors d’un discours en septembre 1943. Bundesarchiv, Bild 183-2008-0521-500 / CC-BY-SA 3.0.

Synthèse de l’interrogatoire d’Olga Bancic suite à son arrestation le 16/11/1943. Nous ne savons pas si cette synthèse a été effectuée par les services de police ou si elle a été réalisée ultérieurement sur la base du procès-verbal d’interrogatoire original. 
(Archives du PCF / AD 93, 261J6/21)

Le procès du « groupe Manouchian » s’ouvre le 15 février devant la cour martiale du tribunal allemand auprès du commandant du Grand Pari. La propagande nazie s’exprime avec des argument xénophobes, antisémites et anticommunistes. Condamnés à mort, 22 membres du « groupe Manouchian » sont éxécutés le 21 février au fort du Mont Valérien vec trois lycéens bretons Georges Geffroy, Pierre Le Cornec et Yves Salaün. Ne fusillant pas les femmes, Olga Bancic est guillotinée, dans la cour de la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944. L’affiche rouge réalisée par l’autorités d’occupation pour faire de ce procès un exemple est placardée dans Paris et en province.

 Joseph Epstein est exécuté sous une fausse identité, au fort du Mont Valérien le 11 avril 1944