Par décret pour accélérer les procédures d’ouverture de nouvelles mines. Parmi ces matières critiques, dix-sept d’entre elles – le lithium, le cuivre, le nickel, le cobalt, par exemple – sont jugées stratégiques par l’Union européenne pour trois raisons : leur demande croît de façon exponentielle en raison de la transition numérique et énergétique, de l’électrification et des impératifs de décarbonation ; leur production est complexe ; les risques d’approvisionnement sont élevés. En France, c’est dans l’Allier que se situe ce qu’en 2022 le gouvernement a annoncé être le plus grand site minier de lithium d’Europe. Imerys, le géant français de l’extraction, prévoit de commencer l’exploitation en 2028. D’après un rapport de Geoderis, bureau d’expertise public spécialisé dans l’après-mine, la zone est massivement polluée à l’arsenic et au plomb en raison de l’exploitation minière de la fin du XIXe siècle à 1962. Si Imerys s’engage à faire une « mine responsable » reconnaissant qu’une « mine verte » n’existe pas, elle n’a pas fourni toutes les études sur la ressource en eau qu’une telle exploitation implique, ni ne s’est interrogée sur les usages du lithium qui sera extrait. C’est ce qu’ont regretté les participants au débat public organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) tout comme ils ont regretté que ce débat se tienne après que la décision d’ouvrir la mine a été prise. Les décrets adoptés en avril ont notamment pour objectif de ne plus faire figurer les projets industriels dans le champ d’intervention de la CNDP. Ce qui constitue une entorse au code de l’environnement nécessitant sa modification et une régression des droits des citoyen∙ne·s, de leur accès à l’information et à la participation. Au contraire, une « mine responsable » suppose que l’ensemble des acteurs assurent une transparence de l’information sur les aspects techniques les plus problématiques, des réponses claires sur la gestion de l’eau et des résidus miniers en amont du débat public, et enfin, une mise en débat des usages du minerai avec tous les acteurs du territoire jusqu’au niveau européen.

En savoir plus :

• Fanny Verrax, «Exploitation de lithium dans l’Allier : une mine responsable est-elle possible?», The Conversation, 9 juillet 2024.
• Lucas Miailhes, «Mine de lithium dans l’Allier : un débat déjà tranché ?», The Conversation, 04 juillet 2024.
• «Une législation de l’UE sur les matières premières critiques pour l’avenir des chaînes d’approvisionnement de l’UE», Infographies, Conseil européen.
• Déclaration de la CNDP du 6 mai 2024.

L’Espagne avec le Canada, la Belgique, le Japon et les Pays-Bas ont totalement interrompu leurs ventes et livraisons d’armes à Israël. En Grande-Bretagne, David Lammy, le ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement travailliste élu lors des législatives anticipées du 5 juillet dernier, a annoncé le 3 septembre la suspension de trente licences d’exportations d’armes sur les trois cent cinquante existantes. Une mesure plutôt symbolique, puisque les armes britanniques ne représentent que 1% des armes importées par Israël. Les États-Unis, principal fournisseur, ont retardé leur livraison et suspendu l’envoi d’un certain type de bombe lorsque Israël a menacé de lancer l’offensive sur Rafah, pour finalement déclarer au Congrès en mai dernier qu’ils procèderaient à la vente d’armes pour 1 milliard de dollars.
En France, des requêtes ont été déposées par des ONG auprès du tribunal administratif pour demander la suspension des licences d’exportation. Elles ont toutes été rejetées. La France a signé plusieurs textes – notamment le Traité sur le commerce des armes – lui interdisant de livrer des armes s’il existe un risque qu’elles soient utilisées pour commettre des crimes de guerre ou des attaques dirigées contre des civils. Si les éléments transmis par le gouvernement permettent d’établir que soixante-quinze licences d’exportation ont été accordées à Israël en 2023 pour un total de 176 millions d’euros, ils ne permettent pas de savoir si les livraisons d’armes ont été suspendues en tout ou partie depuis le début de l’offensive sur Gaza. Promise depuis de nombreuses années, une commission parlementaire chargée d’analyser et de contrôler les exportations d’armes françaises a été mise en place en avril 2024. Mais avec la dissolution, elle est mise en suspens.

En savoir plus:

• Justine Brabant, «Opacité sur les millions d’euros d’armes françaises livrées à Israël», Mediapart, 3 septembre 2024.
• Cécile Ducourtieux, «Le Royaume-Uni suspend en partie ses ventes d’armes à Israël », Le Monde, 3 septembre 2024.
• Théo Bourrieau, Pierre Barbancey, «États-Unis : une livraison d’armes à Israël pour un milliard de dollars, malgré les menaces de Biden», l’Humanité, 15 mai 2024.

En 1960. En 1896, les premiers Jeux olympiques modernes d’Athènes ne sont ouverts qu’aux hommes valides (ils s’ouvrent aux femmes en 1900 à Paris). Les pratiques sportives des blessés ou mutilés existent, mais sont considérées comme des phénomènes de foire. C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’elles se développent à l’initiative du neurochirurgien, Ludwig Guttmann, qui propose à ses patients paraplégiques, vétérans de la guerre, une rééducation par le sport. En 1948, il organise à Stoke Mandeville en Angleterre une compétition de tir à l’arc et de netball (un dérivé du basket-ball) au moment où s’ouvrent à Londres les Jeux olympiques. Organisés tous les ans puis tous les 4 ans à partir de 1960, les jeux internationaux de Stoke Mandeville rassemblent à Rome cette année-là, 23 nations, 8 disciplines et 400 athlètes en fauteuil roulant. Les premiers Jeux paralympiques sont nés. Les éditions suivantes accueillent les handicapés visuels, amputés, moteurs et cérébraux. Les premiers Jeux paralympiques d’hiver sont organisés en 1976 en Suède. Au tournant du XXIe siècle, le paralympisme se transforme radicalement par l’innovation et l’adaptation à la diversité des infirmités pour davantage d’inclusion, ainsi que par l’affirmation d’une fierté de la différence. Les disciplines sont plus nombreuses. Deux d’entre elles sont spécifiques aux paralympiques : la boccia et le gaolball. À Paris en 2024, on compte 4400 athlètes, 169 pays et 22 disciplines. Si la reconnaissance publique et politique du paralympisme est grandissante et participe à changer le regard sur le handicap, l’inclusion au quotidien dans tous les domaines de la vie des personnes concernées nécessite encore beaucoup d’investissements financiers et humains pour que le principe d’égalité soit pleinement mis en œuvre. Les politiques publiques d’accès aux activités sportives restent largement sous-dimensionnées.

En savoir plus:

• Eugénie Barbezat, «Pourquoi le succès des paralympiques ne suffira pas à rendre le sport plus inclusif ? Explications du sociologue Flavien Bouttet», l’Humanité, 8 septembre 2024.
• «L’histoire des Jeux paralympiques», site du centre des monuments nationaux.
• «Histoires paralympiques. De l’intégration sportive à l’inclusion sociale (1948-2024)», exposition au Panthéon jusqu’au 29 septembre.
• «Sport en-jeux!», Les Rencontres d’histoire critique de Gennevilliers, 8e édition, 2023.

L’intensité des grèves baisse. Malgré des conflits sociaux importants (1995, 2003, 2009-2010, 2019-2020, 2023), le volume annuel des jours de grève a été divisé au moins par cinq depuis les années 1970. Outre cette baisse de la fréquence des grèves, les statistiques indiquent également un recul de taux de participation depuis le milieu des années 2010. Ces baisses sont dues d’abord aux transformations du capitalisme et du système de production (dislocation des bastions ouvriers du syndicalisme, faible présence des syndicats dans les secteurs émergents, réorganisations des entreprises privées et publiques, externalisation, etc.). La déstabilisation et la division des collectifs de travail couplées à la précarisation des conditions salariales et à la dépolitisation du salariat et des syndicats, entravent fortement les capacités des syndicats à mobiliser les salariés. De leur côté, les secteurs arrivant encore à mobiliser subissent le durcissement des mesures contre le droit de grève. Dans les transports et l’enseignement primaire par exemple, les grévistes sont obligés de se déclarer deux jours avant ; dans les raffineries et le traitement des déchets, le recours aux réquisitions est fréquent et banalisé. Les médias se font généralement l’écho des grèves les plus longues et les plus «dures». Toutefois, d’un point de vue statistique, la durée moyenne des grèves tend au contraire à diminuer. C’est le signe d’une rationalisation des usages de la grève, qui s’explique à la fois par l’institutionnalisation croissante de la pratique de la négociation et de la précarisation de la condition salariale de nombreux travailleurs.

En savoir plus:

• Baptiste Giraud, Réapprendre à faire grève, PUF, septembre 2024 ; édité avec le soutien de la Fondation Gabriel Péri.
• Hoël Le Moal, «Grèves et manifestations, quelle est leur force aujourd’hui?», entretien avec Baptiste Giraud, Cause commune n°35, septembre/octobre 2023.
• «La grève, un phénomène en déclin», Centre d’observation de la société, 16 mars 2023.
• Extrait du code de travail concernant le droit de grève, version en vigueur au 06 septembre 2024 sur le site Légifrance, consulté le 6/09/2024.
• Les journées individuelles non travaillées, données publiées le 6 mai 2024 pour l’année 2022, sur le site de DARES

Elle a toujours existé. L’oppression des classes est bien antérieure au capitalisme. Elle remonte loin dans l’histoire de l’espèce humaine. On attribue souvent à Engels l’idée d’un matriarcat primitif à l’aube de l’histoire des hommes. Mais cette idée ne résiste pas à une lecture précise de L’origine de la famille. Avant les classes, les femmes semblent jouir d’une situation plus favorable que par exemple dans l’Antiquité grecque ou romaine. Néanmoins, jamais, elles ne sont les égales des hommes. Si la femme iroquoise peut participer à l’élection du grand sachem, seul un homme peut devenir grand sachem. L’idée que le capitalisme aurait produit l’oppression des femmes n’est pas une idée de Marx et Engels. Le capitalisme est animé sur ce point de tendances contradictoires.

En savoir plus:

• Florian Gulli, «A-t-on bien lu Engels? Le matriarcat primitif et l’oppression des femmes», La Pensée, n°419, juillet-septembre 2024.
• Friedrich Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Paris, les Éditions sociales, 1972.

De 8000 à 12000 ans. Le consensus scientifique s’accorde pour dire que la graine de Pando s’est déposée il y a entre 8 000 et 12 000 ans, lorsque les courants climatiques de la région ont changé à la fin de la dernière période glaciaire. Chaque tige de Pando vit entre 80 et 130 ans. Lorsqu’une tige meurt, une nouvelle prend le relais, assurant ainsi la perpétuation de cet immense organisme. Les dendrologues qui, dans les années 1970, ont découvert la nature de cette forêt ont baptisé le rhizome Pando qui signifie en latin «je m’étends». Mais cet organisme remarquable est en danger. En effet, au cours des deux dernières décennies, cervidés et bovidés, dont la population a explosé du fait de l’abattage de leurs prédateurs – principalement les loups et les cougars – ont brouté les nouvelles tiges émergeant du sol. Un collectif de défense de Pando a été créé et travaille avec les scientifiques et les autorités de l’Utah pour inverser la tendance.

En savoir plus:

• Pierre Ropert, «Pando, une forêt unique au monde, se meurt à cause de l’homme», radiofrance.fr, 7 octobre 2022.
• Clémentine Thiberge, «Dans l’Utah, le plus grand être vivant du monde est en danger», lemonde.fr, 18 oct. 2018.
• «Écoutez Pando, le plus grand et le plus vieil organisme vivant sur Terre», un groupe d’artistes présente un enregistrement unique, celui de Pando, sur le site futura-sciences.com.