1983. En 1968, l’Assemblée générale des Nations-Unies «demande à tous les États et organisations de suspendre les échanges culturels, éducatifs, sportifs et autres avec le régime raciste et avec les organisations ou institutions de l’Afrique du Sud qui pratiquent l’apartheid» (résolution n°2396). Ce n’est pourtant qu’en avril 1983 que, sous le gouvernement Mauroy, la ministre du temps libre, de la jeunesse et des sports, Edwige Avice, écrit une lettre aux fédérations sportives françaises leur demandant «de bien vouloir interdire, à toute équipe relevant de votre fédération, quel que soit son niveau, de participer à des rencontres organisées en Afrique du Sud; d’organiser en France des rencontres sportives avec des équipes représentatives des fédérations sportives ou des clubs d’Afrique du Sud pratiquant l’apartheid». Alors que la Nouvelle-Zélande demandait dès 1966 l’annulation de la tournée des Springboks, l’Équipe d’Afrique du Sud de rugby, après l’annonce de leur refus de jouer face à des équipes où évoluent des joueurs maoris, la Fédération française de rugby a durablement marqué sa réticence à condamner l’apartheid et a continué d’accepter d’organiser tournois et matchs. En 1983, elle a par exemple cherché à maintenir la tournée prévue, en juin 1983, en Afrique du Sud après avoir été notifiée de la décision ministérielle de suspendre les rencontres. Le Président d’alors, François Mitterrand a dû confirmer cette décision ministérielle dans une lettre. Après l’abolition de l’apartheid en 1991, les relations sportives entre les deux pays du rugby reprendront. Les relations économiques, elles, n’ont jamais cessé.
En savoir plus:
N° spécial de l’Humanité sur l’histoire populaire du Rugby, 2023.
«À cause de l’Apartheid le gouvernement français interdit tout contact sportif avec l’Afrique du Sud», Le Monde, 8 avril 1983.
«Lettre de M. François Mitterrand, Président de la République, à M. Albert Ferrasse, président de la Fédération française de rugby, Paris, mercredi 20 avril 1983», vie publique.fr.
Jean-Pierre Bodis, «Les faux rebonds de l’Ovale», Politique africaine, n°48, 1992, pp. 89-102.