La hausse ou tout au moins le maintien des cotisations sociales. L’étude, Financer la protection sociale universelle : l’importance des cotisations sociales et leur incidence sur le marché du travail, publiée en 2023 dans les documents de travail du réseau mondial de recherche-politique-action « Femmes dans l’Emploi Informel : Globalisation et Organisation » (WIEGO), démontre que les cotisations sociales sont l’une des principales sources de financement des politiques publiques dans le monde. En 2019, elles représentaient 18,8% du revenu fiscal total dans le monde, soit 5,7% du PIB. Les pays à revenu élevé collectent l’équivalent de 8,6% du PIB en cotisations sociales, soit près de six fois plus que les pays à faible revenu (1,3%). Au regard de la stabilité de cette source de financement, il faudrait lutter contre la tendance à la baisse des cotisations patronales dans le monde ainsi que contre le travail informel qui concerne encore plus de 60% de la main-d’œuvre mondiale d’après l’OIT. Par ailleurs, une très large majorité de pays (176 sur 195 pays et territoires étudiés par l’OIT en 2023) dispose d’un régime de retraite contributif (seul ou associé à un régime non contributif). Ces régimes contributifs bénéficient d’un degré élevé d’adhésion dans le monde. En 2018, 60% des pays qui avaient engagé la privatisation de leur système de retraite principalement en Amérique latine, en Europe de l’Est, en Russie et au Kazakhstan ont annulé leur réforme en raison de leur échec à étendre la couverture et des coûts budgétaires élevés pour les États. L’étude démontre ainsi que toute réduction des cotisations sociales entraîne une perte effective de recettes publiques à court terme, ce qui limite la marge de manœuvre budgétaire pour la mise en œuvre de politiques publiques visant à réduire la pauvreté et les inégalités.

En savoir plus :

• Calligaro, Florencia et Oscar Cetrángolo, Financer la protection sociale universelle : l’importance des cotisations sociales et leur incidence sur le marché du travail, Document de travail de WIEGO, n° 47, 2023.
• «Les systèmes de retraite dans le monde», Note de l’espace international de la CGT, février 2023.
• Actes de colloque, Le droit à une protection sociale pour tous les peuples, Fondation Gabriel Péri, 2018.

24 avril 1947. Organisées dans un contexte extrêmement conflictuel, qui témoigne d’un fort anticommunisme à la veille de la guerre froide, ces premières élections donnent lieu à une véritable campagne politique. La CFTC dénonce la « solution marxiste – c’est-à-dire : socialisation du pays, soumission de tous les Français à une CGT inféodée au Parti communiste », tandis que le dirigeant de la CGT, Henri Raynaud, cible « la CFTC, qui prend ses ordres au Vatican et qui, après avoir refusé de participer à la gestion provisoire de la Sécurité sociale depuis le 1er juillet 1946, veut, par le retour aux caisses d’affinités, pouvoir utiliser cette législation à sa propagande confessionnelle ». Avec 75 % de participation (soit 5,8 millions de votants), la mobilisation est massive. Même si la CGT espérait un meilleur résultat compte tenu de son rôle primordial dans la mise en place des caisses de sécurité sociale, sa liste arrive en tête avec 59,3% des suffrages contre 26,4% pour celle de la CFTC et 10% pour celle de la Mutualité. Les ordonnances Jeanneney du 21 août 1967 suppriment les élections au profit d’une nomination directe par les organisations syndicales sur la base de leur représentativité. Après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, les élections sont brièvement rétablies. Le 29 octobre 1983, trente millions d’électeurs sont appelés à élire les administrateurs des caisses d’allocations familiales et des caisses d’Assurance maladie, mais le taux de participation ne dépasse pas 52% (dans les CPAM, CGT: 28,1%, FO: 25,1 %, CFDT: 18,3%, CGC: 15,9%, CFTC: 12,3 %). Il n’y a plus d’élections ensuite, les mandats des élus de 1983 étant prorogés à plusieurs reprises jusqu’en 1996 avant que le plan Juppé de 1995 entérine la suppression de l’élection des administrateurs des caisses de la « Sécu » pour revenir à la désignation.

En savoir plus :

• Voir notamment les salles 4, 7, 8, 10 et 11 de l’exposition réalisée en partenariat avec l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie, 1945-2025. 80 ans de Sécurité sociale.
• Voir également les focus de la salle 7 : «Résultats des premières élections des conseils d’administration (24 avril 1947)».  Et «Une campagne anti-communiste», de Léo Rosell.
• Léo Rosell, La Sécu, une ambition perdue ? De la solidarité à la rentabilité, JC Lattès, 2025.
• «Les élections à la Sécurité sociale de 1983», Lumni enseignement.

Elle a rédigé une réponse trop longue. Zézette a écrit « ça dépend » dans l’item « exercez-vous une activité professionnelle ? », item auquel on ne peut répondre que par « oui » ou « non ». Cet extrait du film est une représentation humoristique de ce que représente pour les foyers, mais notamment pour les femmes, la création de la branche Famille en 1967, à partir des Caisses d’allocations familiales qui elles-mêmes existaient depuis l’ordonnance d’octobre 1945 (avec des origines plus anciennes, notamment les sociétés de charité). Dès les années 1930, la Chambre des députés vote une proposition de loi qui élargit les indemnités pour charges de famille des fonctionnaires. Dans l’immédiat après-guerre, l’objectif des CAF était d’améliorer le niveau de vie des familles, de faciliter leur accès à un logement de qualité, d’atténuer les inégalités de revenus (notamment via des prestations sous conditions de ressources) et d’accompagner le mouvement de reprise démographique. Aujourd’hui, elle constitue l’un des principaux acteurs de la politique familiale qui mobilise entre 2,7% et 4,7% du PIB, un des taux les plus importants au monde. 33,1 millions de personnes bénéficient des prestations versées par les CAF, soit près d’un habitant sur deux en France.

En savoir plus:

• • La branche Famille de la Sécurité sociale, brochure de la Caisse nationale des Allocations familiales.
  • Le père noël est une ordure de Jean-Marie Poiré (1982). Voir l’extrait de la scène sur cinemafrancais-fle.com.

Par des cotisations sociales, versées par l’employeur et les salariés. En 1945, le recours à la cotisation s’impose comme le mode de financement privilégié du régime général de la sécurité sociale, selon le principe suivant : « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Ce financement s’appuie sur une hausse du taux unique des cotisations vieillesse et maladie, passant de 8 à 16%, dont 10% à la charge des employeurs et 6% à celle des salariés. La sécurité sociale constitue dès lors une institution de socialisation de la richesse créée, puisque le système est financé par des cotisations directement prélevées sur la valeur produite par les travailleurs et les travailleuses. De plus, ce type de financement, contrairement à la fiscalité, devait permettre de garantir l’autonomie financière de la Sécurité sociale vis-à-vis des arbitrages budgétaires de l’État. Toutefois, à partir des années 1980 – et plus encore depuis l’instauration de la CSG en 1991 –, la part des cotisations dans le financement de la Sécurité sociale a progressivement diminué, au profit des recettes fiscales. Pour autant, les cotisations constituent toujours la majorité des ressources du régime général, à hauteur de 57 % en 2023 (source, PLFSS 2025).

En savoir plus:

• Voir notamment les salles 9, 10 et 11 de l’exposition réalisée en partenariat avec l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie, 1945-2025. 80 ans de Sécurité sociale.
• Léo Rosell, La Sécu, une ambition perdue ? De la solidarité à la rentabilité, JC Lattès, 2025.
• «CSG: un impôt pour étatiser la Sécurité sociale?», Mémo Sécu de la CGT, n°23, 1er juillet 2024.
• «La sécurité sociale en grand danger : vers un retour de la TVA sociale?», CGT, 4 juillet 2025.

La démocratie sociale, c’est-à-dire la gestion des caisses par les travailleurs eux-mêmes grâce à l’élection de leurs représentants. Avec l’unicité des caisses, l’universalité des prestations et le financement par la cotisation, la gestion démocratique des caisses constitue l’un des quatre grands principes sur lesquels repose la création de la Sécurité sociale. C’est d’ailleurs grâce à cette contrepartie décisive que les communistes, longtemps hostiles à la cotisation, s’y rallient à la Libération. De deux tiers de représentants des travailleurs initialement prévus, la « loi Croizat » du 22 mai 1946 qui porte généralisation de la Sécurité sociale, fait passer ce nombre aux trois quarts. En détenant 75% des sièges dans les conseils d’administration des Caisses de sécu, les représentants des travailleurs exercent un réel pouvoir sur celles-ci qui leur permettra de répondre aux besoins qu’ils connaissent et de faciliter l’accès au droit à la sécurité sociale pour toutes et tous. En plus de supprimer les élections, les ordonnances Jeanneney du 21 août 1967 introduisent le paritarisme (50 % patronat, 50 % salariés). Ce principe de cogestion permet d’inverser le rapport de force en faveur du patronat unifié face à des syndicats divisés. De leur côté, la fiscalisation des recettes de la Sécurité sociale par l’introduction de la Contribution sociale généralisée (CSG) en 1991, et le transfert au gouvernement et au Parlement de la maîtrise du budget de la Sécurité sociale avec la création, en 1996, de la loi de financement de la Sécurité sociale et de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam qui fixe un plafond des dépenses publiques de santé dans la LFSS) accentuent le processus d’étatisation de la sécu.

Cette reprise en main renforce encore la perte de pouvoir des bénéficiaires sur la gestion de la Sécurité sociale.

En savoir plus:

• Voir notamment les salles 8, 9 et 11 de l’exposition réalisée en partenariat avec l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie, 1945-2025. 80 ans de Sécurité sociale.
• Léo Rosell, La Sécu, une ambition perdue ? De la solidarité à la rentabilité, JC Lattès, 2025.
•  Bruno Palier, Gouverner la Sécurité sociale. Les réformes du système français de protection sociale depuis 1945, Presses universitaires de France, 2005.

1998. Dès 1987, une première carte à micro-processeur dite SESAM (système électronique de saisie de l’assurance maladie) contenant les informations administratives des assurés et de leurs ayants-droit est expérimentée dans quatre communes d’Ille-et-Vilaine. C’est le groupement d’intérêt économique SESAM-Vitale créé par la loi du 27 janvier 1993 et fondé en février 1993 par les organismes d’assurance maladie obligatoire qui est en charge du développement du projet de carte vitale. Carte électronique individuelle d’assuré social, elle ne contient aucun renseignement médical, mais atteste de l’affiliation d’une personne à un régime d’Assurance maladie et des droits spécifiques dont elle bénéficie. Elle contient en outre les informations administratives nécessaires au remboursement des soins et à la prise en charge en cas d’hospitalisation. Son déploiement débuté en Bretagne en avril 1998 mettra un peu plus d’un an à se généraliser à l’ensemble des bénéficiaires. Depuis mai 2007, la carte vitale 2 a commencé à être distribuée. Elle affiche la photographie de l’assuré et bénéficie de mécanismes de sécurité renforcés. La carte vitale incarne aujourd’hui un symbole emblématique de l’Assurance maladie en France brandi tant dans les manifestations, que par des utilisateurs du réseau social TikTok en réponse à une tendance venant des Etats-Unis de dénigrement de la France (« I don’t wanna be French »).

En savoir plus:  

• Voir l’article « carte vitale » sur wikipedia.
• « Le succès de la carte Vitale pastichée par la CGT », Le Monde, 7 juin 2024.
• Manon Mariani, « « I don’t wanna be french », un esprit patriote s’invite sur Tiktok », Radio France, 2 avril 2025.
• CNIL, « Carte Vitale électronique : quelles conséquences pour les personnes? », 22 février 2023.