60 à 70 milliards d’investissements annuels supplémentaires, tout en stoppant les subventions aux énergies fossiles. Les 40 milliards d’économies que le gouvernement Barnier entend trouver pour faire face à l’accroissement du déficit et de la dette publique et pour boucler le budget 2025, passeront par une baisse de la dépense publique comme le martèlent les nouveaux ministres de droite. Le financement des politiques écologiques et de transition est directement visé par des coupes importantes : moins 1,5 milliards d’euros pour le fonds vert des collectivités locales, moins 500 millions d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments et moins 500 millions d’aide pour l’achat de véhicules moins polluants. Le ministère de la transition écologique, de l’énergie et du climat perd les portefeuilles du logement et des transports, deux secteurs pourtant stratégiques fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Le HCC juge globalement insuffisant l’alignement des politiques avec l’atteinte de la neutralité carbone. Il rappelle qu’en 2022, 3 000 personnes sont mortes de la canicule et que le coût des sinistres climatiques a été estimé à 11 milliards d’euros.

En savoir plus:

• Haut conseil pour le climat, «Communiqué de presse : Rappel de l’importance cruciale d’atteindre la neutralité carbone de la France en 2050 et d’engager résolument l’adaptation», 27 septembre 2024.
• Mickaël Correia et Jade Lindgaard, «Pour en finir avec le déficit climatique», Mediapart, 30 sept. 2024.
• Débat, «La préoccupation écologique perd-elle du terrain?», l’Humanité, 19 sept. 2024.
• Haut conseil pour le climat, Tenir le cap de la décarbonation, protéger la population, Rapport annuel 2024, juin 2024.

Le 10 mai 1925. Durant l’entre-deux-guerres, le Parti communiste français considère les femmes comme une ressource stratégique dans la lutte pour les droits politiques. Pour les municipales de 1925, il présente des candidates sur les listes du Bloc ouvrier-paysan, profitant d’une brèche dans la loi électorale de 1884 qui ne dit pas explicitement que les femmes ne peuvent pas être candidates. C’est seulement à l’issue du scrutin que la préfecture vérifie que les personnes élues sont bien éligibles. Jusqu’à l’annulation de leur élection par le Conseil d’État le 29 janvier 1926, ces élues exercent leur fonction. Il faudra attendre l’ordonnance du 21 avril 1944 adoptée par le gouvernement provisoire pour que les femmes obtiennent le droit de vote à la suite d’un long combat, y compris législatif. Une première proposition de loi sur le vote des femmes est déposée à l’Assemblée nationale en 1901. En mai 1919, le suffrage féminin est voté par les députés dans l’idée de récompenser le travail et le dévouement des femmes pendant la guerre et reconnaître l’égalité de leurs droits avec les hommes ; mais le Sénat fait barrage et la loi est rejetée. Entre 1924 et 1925, trois propositions de loi sont de nouveau déposées par trois députés de sensibilité politique différente, dont le communiste Marcel Cachin dont la proposition incluait tous les types d’élections. Le 7 avril 1925, la loi déposée par le socialiste Henry Fontanier le 28 janvier 1925 est votée par la chambre des députés, mais le processus législatif ne va pas au bout. Même si cette loi ne concerne que les élections municipales et cantonales, c’est un avancement incontestable qui a encouragé cette expérience inédite pour l’époque.

En savoir plus:

• Vidéo de la séance organisée par la Fondation Gabriel Péri le 27 septembre 2024 «Candidatures féminines pendant l’Entre-deux-guerres», avec Fanny Bugnon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université Rennes-2.
• Fanny Bugnon, L’élection interdite : itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne, Seuil, 2024.
• Fanny Bugnon, «De l’usine au Conseil d’État. L’élection de Joséphine Pencalet à Douarnenez (1925)», Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 125, n° 1, 2015, pp. 32-44.

Dj Mehdi. Né en 1977, ce génie des platines grandit à Gennevilliers, avant de vivre à Colombes, entouré des vinyles de ses parents. Ses premières influences se trouvent dans la riche discothèque familiale : Rufus & Chaka Khan, Curtis Mayfield, Bootsy Collins, George Clinton, James Brown, Barry White, Miles Davis, les Beatles ou le raï et la musique orientale. Puis, il découvre Public Enemy. Il monte lui-même son premier sampler et devient rapidement un des grands acteurs et producteurs de la culture hip-hop en France. Il rencontre Dee Nasty et l’équipe de radio Nova, compose pour Kery James, la Mafia k’1 Fry, Rocé et beaucoup d’autres. Après le gros succès de l’album du 113 (Princes de la ville, Tonton du bled), il passe dans l’univers de la musique électro, réalise son premier album solo The Story of Espion, mélange d’hip-hop et d’électro. Il compose pour le cinéma, rejoint le label Ed Banger et sort Lucky Boy, son deuxième album. En 2009, il crée un duo avec Riton nommé Carte blanche. Le 13 septembre 2011, une chute mortelle vient injustement interrompre le parcours exceptionnel de ce visionnaire qui a changé l’histoire de la musique en décloisonnant les genres.

En savoir plus:

• «Dj Mehdi, l’enfance d’un prince», Nova Stories, 13 sept. 2021.
• Documentaire de Thibaut de Longeville, Dj Mehdi : Made in France, 2024, 240 min. Cette série documentaire de 6 épisodes de 40 min est disponible sur Arte jusqu’en juillet 2027.
• 113, «Les princes de la ville», 1999.
• DJ Mehdi, «I Am Somebody (feat. Chromeo)», 2006.
• Carte blanche (Ed Banger Records), «Gare Du Nord», 2010.

Bien mieux que l’enseignement public. Les gouvernements de droite ont systématiquement attribué (en proportion) davantage de postes à l’enseignement privé qu’au public, même lorsque le nombre d’élèves évoluait en proportion de façon similaire dans les deux réseaux. Ce favoritisme pour utiliser l’argent public au profit du privé s’est retrouvé dans l’obligation faite aux collectivités territoriales de financer de façon croissante le fonctionnement des écoles privées. Ces politiques ont entraîné davantage d’entre-soi social dans les établissements, ce qui explique le creusement des inégalités sociales de performances scolaires.

En savoir plus:

• Stéphane Bonnéry, «Favoriser l’école privée: 20 ans de politiques économiques», La Pensée, n° 419, p. 89 à 102.
• Pierre Merle, «Embourgeoisement des collèges privés et résultats PISA», La Pensée, n° 419, p. 103-117.
• «20 de politiques publiques en faveur du privé. Interview de Stéphane Bonnéry», chaine youtube de la FSU, 27 sept. 2024, durée 7’00.

Les trois. Les femmes s’engagent pleinement dans la Grande révolution qui débute en 1789. Emportées par le mouvement révolutionnaire qui traverse alors l’ensemble de la société française, elles veulent être reconnues en tant que membres du peuple. Elles vont revendiquer des droits dont le droit de divorce par consentement mutuel. Mais, après 1793, les idéaux révolutionnaires favorables à l’émancipation des femmes perdent du terrain. On les considère comme un trouble à l’ordre public et on veut les ramener à la maison. C’est dans ce cadre qu’en 1804, le Code civil dit Code Napoléon, les renvoie dans la sphère domestique et entérine l’inégalité entre l’homme et la femme en la justifiant par l’état de nature et par une instrumentalisation de la science. En 1816, l’abolition de la loi sur le divorce les enserre encore davantage dans les fers du mariage et les réduit au rôle d’instrument de reproduction. C’est contre ce lourd héritage que les féministes se soulèvent.

En savoir plus:
– Saliha Boussedra, Féministe avec Marx. Pour un dialogue avec Judith Butler et les «féministes matérialistes», éditions de la Fondation Gabriel Péri, septembre 2024.
– «Avec Marx, penser l’émancipation des femmes», entretien de Saliha Boussedra avec Pierre-Henri Lab, L’Humanité, 4 oct. 2024.
– «Repenser le féminisme avec Marx», Émission Dans le Texte, animée et conçue par Galatée de Larminat, Hors série, 5 décembre 2010.

Plus d’un million. Cela signifie que plus de 30 millions de personnes sont décédées du fait de l’antibiorésistance ces trente dernières années, selon une étude publiée en septembre 2024 dans la revue scientifique médicale britannique The Lancet. Celle-ci rappelle que l’antibiorésistance ne cesse de s’aggraver depuis plusieurs années et indique que, si la tendance actuelle se poursuivait, le nombre de victimes de ce phénomène pourrait atteindre 1,91 million de personnes chaque année d’ici 2050. Cela porterait le nombre de décès qui lui sont directement imputables à 39 millions sur la période. Mais l’étude indique aussi qu’il est encore possible d’éviter ce scénario catastrophe. Elle s’appuie sur la diminution de 50% des décès d’enfants liés à l’antibiorésistance depuis 1990. Ces progrès sont dus notamment à l’amélioration de la prévention et du contrôle des infections sur les populations les plus jeunes. L’étude note aussi qu’une amélioration du traitement des infections et de l’accès aux antibiotiques pourrait, de son côté, éviter 92 millions de morts d’ici 2050, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique Subsaharienne.

En savoir plus:

• Naghavi, Mohsen et al., «Global burden of bacterial antimicrobial resistance 1990–2021: a systematic analysis with forecasts to 2050» The Lancet, Volume 404, Issue 10459, 2024, p. 1199-1226.
• Pierre Monnier, «39 millions de morts d’ici à 2050: la résistance aux antibiotiques inquiète les scientifiques», Géo, 17 septembre 2024.