Les cadres supérieurs. En se basant sur les seules données de l’IFOP et donc sur des ordres de grandeur approximatifs et en ne tenant compte que des votes exprimés, l’extrême droite au premier tour de la Présidentielle (M. Le Pen et E. Zemmour) aurait progressé, en cinq ans, de 13 points chez les cadres supérieurs (23 % au total), de 11 points chez les professions intermédiaires (28 %), de 9 points chez les salariés du secteur public (31 %), de 8 points chez les employés (38 %), mais – atteignant en cela une sorte de plafond – de 3 points «seulement» chez les ouvriers (42 %). Ainsi, la qualification de Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle et l’entrée massive du Rassemblement national à l’Assemblée nationale doivent finalement peu à une nouvelle progression de l’extrême droite parmi les milieux populaires, mais bien plutôt au basculement partiel d’une partie des segments électoraux qui lui étaient jusqu’alors réfractaires : diplômés du supérieur, cadres et professions intermédiaires ou agents du secteur public chez qui elle réalise l’essentiel de ses gains. Pour autant, c’est bien parmi certaines fractions des classes populaires que l’extrême droite, avec ses deux candidats à la Présidentielle, est la mieux installée. Néanmoins, la participation au premier tour n’aurait pas dépassé le taux de 38 % pour les employés («données» Ifop), 37 % pour les ouvriers et 35 % pour les chômeurs. La réintégration de l’abstention dans l’analyse permet d’accéder à une autre dimension des phénomènes électoraux contemporains et des transformations des rapports au Vote des classes populaires.
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