En Belgique. L’indexation des salaires sur les prix existe depuis 1920 dans ce pays. L’expérience montre cependant les limites du dispositif pour enrayer la perte de pouvoir d’achat. D’abord, il y a le délai de retard avec lequel les salaires sont ajustés à l’augmentation des prix, pendant lequel les salarié.es perdent du pouvoir d’achat. De plus, l’indexation belge n’est que partielle : depuis 1996, au nom de la «compétitivité de l’économie belge», elle est limitée par l’évolution des salaires aux Pays Bas, en Allemagne, et en France, les trois pays voisins et concurrents. Enfin, sont exclus de l’indice des prix certains produits, réputés «nocifs», tels que le tabac, l’alcool et les carburants, ce qui minore la hausse des prix réellement subie. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que depuis plus de vingt ans, la hausse des salaires belges se situe dans la moyenne des autres pays. Si le patronat continue de demander son abrogation, par fantasme d’une prétendue boucle salaires-prix, les syndicats revendiquent des hausses supplémentaires en estimant que le dispositif bride les négociations salariales et comprime les salaires.
En savoir plus:
- Evelyne Ternant, L’inflation. Qui en profite? Comment la combattre?, Fondation Gabriel Péri, 2023.
- Voir l’épisode 3 de Bande passante.
- Evelyne Ternant, «L’indexation des salaires sur les prix : les fausses évidences de l’apocalypse… ou du remède miracle», Économie et Politique, n° 830-831 (à paraître).
- Romaric Godin, «Diabolisée en France, l’indexation se maintient en Belgique», Mediapart, 21 juillet 2022.