L’éolien en mer. L’éolien en mer utilise six fois plus de métaux par Mégawatt (puissance installée) que les centrales thermiques au charbon, qui sont aujourd’hui la principale source de production d’électricité dans le monde. Si l’on compare en production électrique (kilowattheure ou mégawattheure), compte tenu de l’intermittence de l’éolien, il faut encore multiplier par trois, soit dix-huit fois plus.

En savoir plus:

• Christophe Poinssot «Les métaux stratégiques: le nouveau défi de la transition énergétique», in Valérie Gonçalvès, Eric Le Lann et Chrystel Le Moing (coord.), Énergie : bien commun à l’échelle de l’humanité ?, Fondation Gabriel Péri, 2024.
• Consulter le graphique des minerais utilisés dans les technologies de l’énergie propre dans le document de Christophe Poinssot sur les métaux stratégiques, page 4.

Révolution des œillets. Le 25 avril 1974, les militaires qui arboraient à Lisbonne des œillets – fleurs de saison qui deviennent le symbole de l’événement – ont organisé un coup de force largement improvisé contre le régime salazariste avec le soutien inattendu de la population. Le contexte des guerres coloniales coûteuses en hommes et en matériel avait favorisé la radicalisation des soldats contre la dictature établie depuis plusieurs décennies à la suite du coup d’État du 28 mai 1926 qui met mis fin à l’expérience républicaine portugaise (qui avait renversé une monarchie pluricentenaire en 1910). António de Oliveira Salazar (1889-1970), nommé Président du Conseil en 1932, sera, jusqu’à son accident vasculaire cérébral en 1968, à la tête de ce régime conservateur, corporatiste et nationaliste, opposé au communisme, au socialisme, au syndicalisme, au libéralisme, à l’anticolonialisme, dénommé à partir de 1933 « État nouveau » (Estado Novo). Porteurs d’un projet démocratique, les militaires ont favorisé l’instauration d’une démocratie politique qui s’est appuyée sur un mouvement populaire antifasciste. Cette révolution pacifique a permis, à l’issue de nombreux débats sur la place de la démocratie sociale, l’installation d’un régime démocratique en 1976 qui restaure les libertés politiques, libère et prisonniers politiques et permet aux exilés de rentrer au pays.

En savoir plus:

• Portugal – Des oeillets contre la dictature, réalisé par Sebastian Heemann et Tilo Wagner, 2024, (55,33 min). Disponible sur arte.
• Christophe Araújo, «Le Portugal au temps de Salazar. À propos de : Fernando Rosas, L’art de durer. Le fascisme au Portugal, Éditions sociales», La vie des idées, 16 mars 2020.
• «Qui était Antonio De Oliveira Salazar, dictateur inclassable et énigmatique?», Geo, 18 nov. 2022.

Georges Sadoul (1904-1967). Pionnier de l’histoire du cinéma, son œuvre, conçue et rédigée avant que les films et les périodiques ne soient rendus accessibles, continue de faire internationalement référence. Georges Sadoul a traversé le XXe siècle aux côtés de Louis Aragon et Elsa Triolet, partageant avec eux nombre d’engagements politiques et intellectuels. Il a rencontré Aragon en décembre 1925, alors qu’il prospectait à Paris afin d’organiser une exposition montrant les surréalistes à Nancy, sa ville natale. Le scandale qu’elle a occasionné l’incite à s’installer à Paris où il est engagé en 1926, comme secrétaire par Gaston Gallimard. Accepté parmi les surréalistes, il participe à leurs expériences créatrices et adhère, avec eux, au Parti communiste en février 1927. Sadoul et Aragon rompent avec André Breton et avec le surréalisme en 1932. Ils concourent désormais, dans le sillage de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AÉAR), à la politique culturelle du Parti communiste. Sadoul dirige le magazine illustré pour la jeunesse Mon Camarade, collabore dans Commune, l’organe de l’AÉAR, dirigé par Aragon et Paul Nizan. À partir de 1936, il devient le principal contributeur de la rubrique « cinéma » de l’hebdomadaire Regards. En 1937, lorsque Moussinac succède à Paul Vaillant-Couturier à la page culturelle de L’Humanité, il l’assiste dans sa confection. Il s’affirme progressivement comme critique de cinéma et il entreprend à partir de 1937, la rédaction du premier tome de son Histoire du cinéma.

Démobilisé en juillet 1940, il rejoint Aragon dans la Résistance avant de devenir le responsable du Front national des intellectuels pour la France sud. De la Libération à son décès en 1967, il se consacre quasi exclusivement au cinéma. Principal critique cinématographique des Lettres françaises, il assume dans le même temps de très nombreuses responsabilités : secrétaire général de la Fédération française des ciné-clubs dès 1945, enseignant à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), chercheur à l’Institut de filmologie. Il élabore une importante œuvre d’historien du cinéma comprenant une vingtaine d’ouvrages traduits en de nombreuses langues et régulièrement réédités.

En savoir plus:

• La vidéo de l’intervention de Valérie Vignaux consacrée à Georges Sadoul lors de la séance La question biographique dans l’histoire du communisme.
• Valérie Vignaux, Georges Sadoul un intellectuel en cinéma, du surréalisme à l’histoire, Milan, éd Mimésis, 2023, 490 p.
• Citation est tirée de Georges Sadoul, Le cinéma, son art, sa technique, son économie, Paris, La Bibliothèque française, 1948, p. 218.
• Catalogue de livres de Georges Sadoul sur Livres-cinema.info

À la généralisation à l’échelle européenne de la politique de concurrence et de la logique de marché. D’inspiration libérale, ces groupes de pression ou lobbies d’affaires ont peu à peu anéanti toute reconnaissance de l’exceptionnalité des services publics en Europe et travaillé à banaliser l’égalité entre public et privé en assignant au service public et aux entreprises publiques les mêmes critères et règles de droit que ceux appliqués au secteur privé. Avec la Direction générale de la concurrence, le service juridique peuplé d’avocats d’affaires de la Commission et la Cour de justice européenne, ces acteurs vont peu à peu reléguer les entreprises publiques à l’état d’anomalie, malgré la reconnaissance de la «neutralité» des régimes de propriété dans les traités. Créé en 1961 à l’initiative des dirigeants d’entreprises publiques françaises, le Centre européen de l’entreprise publique (CEEP), lobby patronal du secteur public, ne parvient pas à contrer l’offensive juridique de ces réseaux, partisans d’une généralisation du marché concurrentiel. Il entretient même l’ambiguïté, certains patrons voyant finalement dans la libéralisation des opportunités économiques juteuses.

En savoir plus:

• Mélanie Vay, «Le confinement européen des entreprises publiques et services publics dans un référentiel de marché libre et concurrentiel (années 1950 – début des années 1980)», Silomag, n°18, mai 2024.
• Mélanie Vay, «La marginalisation des entreprises et services publics comme acquis communautaire dans un Marché unique (fin des années 1980 et années 1990)», Silomag, n°18, mai 2024.
• David Charbonnel, «L’Union européenne ou le reflux (d’une conception) du service public», Silomag, n°18, mai 2024.

L’ordolibéralisme. Cette école néolibérale née en Allemagne dans les années 1930 a pour principaux théoriciens Walter Eucken (1891-1950), Wilhelm Röpke (1899-1966), Alexander Rüstow (1885-1963) et Alfred Müller-Armack (1901-1978). Elle préconise d’adapter la société et les individus au marché de «concurrence libre et non faussée », par l’obéissance aux lois, à l’équilibre budgétaire, par le respect des gains acquis dans les échanges et de la valeur suprême de la monnaie. Hostile à l’État-providence en ce qu’il produit, selon cette théorie, des individus inaptes à garantir un tel ordre des choses, cette doctrine est à la racine de la politique européenne en matière de services publics dont le maître mot est l’ouverture à la concurrence. Ainsi depuis les années 1990, la transformation des services publics en marché concurrentiel a été imposée par les instances européennes avec la complicité des gouvernements nationaux dans des secteurs de plus en plus nombreux, y compris ceux qui, en droit, échappent à la compétence de l’Union européenne comme l’éducation. L’ordolibéralisme se distingue du libéralisme en ce que le marché n’est plus vu comme étant un ordre naturel optimal, mais comme devant être construit juridiquement et protégé par les autorités. Ayant pour but premier l’établissement d’un marché unique, l’UE se construit sur des normes juridiques et sur un ordre produit par le droit de la concurrence.

En savoir plus:

• Christian Laval, «Services publics en Europe: Une politique ordolibérale cohérente», Silomag, n°18, mai 2024.
• François Curan, «Libéralisme, ordolibéralisme, néolibéralisme … Quel fondement économique pour le marché intérieur et le droit européen de la concurrence?», Paroles de juristes, le 24/10/2016.
• Michel Dévoluy, «L’ordolibéralisme et la construction européenne», Revue internationale et stratégique, n° 3, 2016, p. 26 à 36.

Par le vocable espagnol derechos. Le derecho produit des vents extrêmes, de longue durée, sur une ligne droite: d’où son nom, qui signifie «tout droit» en espagnol. Un évènement peut être classé comme un derecho si «une bande de vent endommagée s’étend sur au moins 400 miles (650 km), a une largeur d’au moins 60 miles (100 kilomètres), comprend des rafales de vent d’au moins 93 km/h (58 mph) sur la majeure partie de sa longueur, et comprend également plusieurs rafales bien séparées de 121 km/h (75 mph) ou plus» (voir «About derechos»). Il entraine des destructions similaires à celles d’une tornade sur cette ligne droite. L’un des plus violents derechos de l’histoire de la météorologie européenne s’est produit le 18 août 2022. Le phénomène s’est étendu sur 800 kilomètres entre la Corse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie et la Tchéquie. Des vents à 225 km/h ont été relevés en Corse. Le réchauffement préoccupant de la température moyenne de l’eau en méditerranée pourrait contribuer à une plus grande fréquence de ce phénomène en France et en Europe.

En savoir plus:

Interview de Nastasia Michaels avec Davide Faranda, chercheur au CNRS /IPSL, «L’orage meurtrier de type « derecho » du 18 août a bien été intensifié par le réchauffement climatique», geo.fr, publié le 28 oct. 2022