Elle n’a jamais été modifiée. Le GIEC mentionne dès son premier rapport en 1990 les déplacements de population comme un enjeu majeur. Mais l’intérêt croissant pour les mouvements de populations liées au changement climatique est aussi le résultat de la crainte des migrations qui se répand dans les pays les plus favorisés. D’ailleurs, cette question a d’abord été traitée sous l’angle sécuritaire par les armées. Loin de corroborer l’idée de vagues de réfugiés à destination du Nord, les recherches font état de déplacements limités dans l’espace et le temps. L’appréciation des migrations liées au climat demeure difficile en l’état actuel des connaissances et demande à poursuivre les recherches pour mieux isoler les causes liées spécifiquement au climat face à des migrations qui résultent généralement d’une combinaison de facteurs. Le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies a tout de même établi qu’« au cours de la dernière décennie, les événements météorologiques ont déclenché en moyenne 21,5 millions de nouveaux déplacements [en majorité internes au pays d’origine] chaque année – plus de deux fois plus que les déplacements causés par les conflits et la violence ». 2022 est un record avec, d’après l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), 32,6 millions de personnes déplacées en raison de catastrophes naturelles (+ 40 % en un an). Ces personnes rejoignent alors des zones où la pression sur les ressources s’accroît, ce qui crée des tensions et peut alimenter des conflits armés où certains acteurs recrutent parmi les populations vulnérabilisées locales ou déplacées. Si le HCR parle de « personnes déplacées par les catastrophes naturelles et le changement climatique » plutôt que de « réfugié climatique », il souligne qu’elles peuvent demander le statut de réfugié en vertu de la Convention de 1951 ou des instruments régionaux relatifs aux réfugiés. Réviser la Convention de Genève de 1951 comporterait des risques de perdre des acquis juridiques. En effet, les gouvernements conservateurs d’États parties à la Convention pourraient saisir l’opportunité de sa réouverture pour réduire le mandat et les activités du HCR.

En savoir plus:

• Marine Denis, «La piste d’une protection des déplacés environnementaux par le HCR et l’OIM : du cadre juridique à l’opportunité politique», in : Audrey Lenoël et Jérôme Valette (dir.), Dossier «Migrations et climat : la fonte des certitudes», De facto [En ligne], 36 | Décembre 2023.
• Andrej Mahecic, «La décision du Comité des droits de l’homme des Nations Unies sur le changement climatique est un signal fort, selon le HCR», HCR, le 24/01/2020.
• Anne-Diandra Louarn, «Un migrant bangladais devient le premier « déplacé environnemental » de France», Infomigrants, 10/01/2021.

À partir du Second empire, dans la seconde moitié du 19e siècle pour les besoins de la révolution industrielle, le développement de l’infrastructure urbaine et ferroviaire, des industries chimiques et métallurgiques. La France est le plus ancien pays d’immigration en Europe. Frontalière, allemande et belge, l’immigration se diversifie à la fin du 19e siècle. Elle est motivée par la misère économique et la croissance démographique. Après la saignée de la Première Guerre mondiale, la France répond à la pénurie de main d’œuvre notamment dans l’industrie, par une immigration massive qui a également une dimension politique et culturelle. Les Polonais, les Italiens, les juifs de toute l’Europe centrale mais aussi les Espagnols et les Arméniens sont alors les groupes les plus importants. Cette population pauvre travaille dans les mines de charbon, la métallurgie, le textile, l’habillement. Après 1945, l’immigration se diversifie encore. Elle est espagnole, portugaise, yougoslave, turque, tunisienne, marocaine et, enfin, originaire des pays subsahariens. L’immigration algérienne plus ancienne, commence dès la fin du 19e siècle en raison de la paupérisation générée par le système colonial.

En savoir plus:

• Mustapha Harzoune, «Depuis quand la France est-elle une terre d’immigration?», Musée de l’histoire de l’immigration, 2022.
• Catherine Wihtol de Wenden, «Quelques repères sur les immigrations d’aujourd’hui», séance du séminaire sur les Transformations de la structure sociale contemporaine de la Fondation Gabriel Péri, 2021.
• Gérard Noiriel, «Une histoire du modèle français d’immigration», Regards croisés sur l’économie 2010/2 (n°8).

Le roman inachevé parait en 1956 (Editions Gallimard). Il parle des souffrances, de la jeunesse, d’Elsa, de son engagement politique, de cette moitié du XXe siècle dont il connut les deux guerres mondiales. En insérant Strophes pour se souvenir dans son livre, Aragon rend un hommage trop passé sous silence, aux FTP-MOI, au groupe Manouchian. Le titre annonce la nature du projet : utiliser la forme poétique strophes pour lutter contre l’oubli de tous les étrangers morts pour la France et contre la banalisation du mal « se souvenir ». Il prolonge ainsi la préface du livre Les communistes fusillés évoquant « les grands de l’affiche rouge » qu’il écrivit en 1946, dans laquelle il rappelle déjà que, la nuit, ce qu’il appela par la suite des « doigts errants » avaient écrit « morts pour la France » et que des fleurs étaient déposées au pied de l’affiche la détournant de l’objectif de discrédit voulu par la gestapo. Il rappelle la page de gloire des 23 du livre de Claude et Raymond Lévy, Histoire vraie publié aux Editeurs Français Réunis (Prix Fénéon1953) dont il fut le directeur. Il puise la force, le lyrisme de son poème dans la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée. Devenu l’Affiche Rouge, chantée par Monique Morelli puis Léo Ferré dans son album « Chansons d’Aragon », le poème est devenu symbole de la résistance des étrangers, pour la plupart juifs de l’affiche rouge, qui résistèrent à la barbarie.

Pour aller plus loin:

• Demi-journée d’étude L’Affiche Rouge et les FTP-MOI
• Aragon, Le roman inachevé, Gallimard, 1956.
• Lire 38 poèmes de Louis Aragon sur le site www.poesie-française
• Ecouter L’Affiche rouge de Léo Ferret
• Le site de la Maison Elsa Tiolet-Aragon 

En 1926. L’organisation de la Main d’œuvre étrangère a été amorcée dès 1922 par la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), mais c’est en 1926 que le PCF lors de son 5e congrès crée les groupes de langues qui ont pour fonction de permettre aux ouvriers étrangers de se regrouper au sein du parti et de s’intégrer à ses activités. En 1932, la MOE devient la Main d’œuvre immigrée et participe à la défense des droits des étrangers menacés d’expulsion et soumis à la xénophobie.

En savoir plus:

• Dimitri Manessis, Jean Vigreux, Avec tous tes frères étrangers. De la MOE aux FTP-MOI, éditions Libertalia, 2024.
• Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanski, Manouchian, éditions Textuel, 2023.
• L’Affiche Rouge et les FTP-MOI, colloque sous le parrainage de Pierre Ouzoulias, le 9 février 2024.

En 1942 en tant qu’otage. Né le 3 mai 1903 à Nagyvarad (Hongrie, devenue Oradea-Mare en Roumanie), Georges Politzer quitte l’ancienne Hongrie à 18 ans pour rejoindre Paris où il s’inscrit à la Sorbonne. Après une brillante formation philosophique, il commence une carrière d’enseignant qui bifurque dans les années trente au service de l’activité du Parti communiste français, en particulier dans le domaine économique et avec la publication des Cahiers du bolchevisme. Il participe activement à la mise en place du système des écoles du parti, puis à la création de la revue La Pensée. Très vite sous l’occupation Politzer s’engage dans l’action clandestine en direction de l’enseignement supérieur, avec la publication d’un journal clandestin, L’Université libre et l’écriture de brochures contre l’idéologie raciste et obscurantiste des nazis. Arrêté et emprisonné, il est livré aux Allemands qui le fusillent comme otage le 23 mars 1942 au Mont Valérien.

En savoir plus:

• Participer au colloque, «Georges Politzer: un combat philosophique», organisé par la revue La Pensée en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, vendredi 1er mars 2024, 10h-16h30, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon, salle 6.
• Voir la notice de Georges Politzer dans Le Maitron, dictionnaire biographique. Fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés. 1940-1944.

Irène Joliot-Curie (1897-1956). Fille de Pierre et Marie Curie, Irène Joliot-Curie est une chimiste, physicienne et femme politique française. Elle a obtenu le prix Nobel de chimie, avec son époux, Frédéric Joliot-Curie, en 1935 pour leur découverte de la radioactivité artificielle. Elle est l’une des trois premières femmes avec Cécile Brunschvicg (1877-1946) et Suzanne Lacore (1875-1975) à être nommée sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique au sein du premier gouvernement Blum du Front populaire en 1936 alors que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote. Elle entrera en résistance dès 1940 et dans la résistance communiste à laquelle Frédéric appartenait en 1942. Sans prendre sa carte au Parti communiste, elle militera à ses côtés par ses interventions publiques et ses articles dans les colonnes des journaux de la mouvance communiste. Appréhendant la science comme devant être au service de l’émancipation humaine, elle luttera toute sa vie contre le fascisme, pour les droits des femmes et le désarmement. Irène Némirovsky (1903-1942), romancière française, a été arrêtée et déportée à Auschwitz où elle est morte en 1942. Lise Meitner (1878-1968) a découvert avec Otto Hahn la fission de l’atome. Elle sera victime de «l’effet Matilda», c’est-à-dire de la tendance à faire disparaître les femmes de l’histoire des sciences au profit de leurs collègues masculins puisque seul Otto Hahn reçut le prix Nobel de chimie en 1944 pour leurs travaux communs.

En savoir plus:

• Louis-Pascal Jacquemond, «Irène Joliot-Curie, une féministe engagée?», Genre et histoire, n°11, 2012.
• Voir la biographie sur le site du Musée Curie.
• Denis Guthleben, «19 octobre 1939 : la création du CNRS», Bibnum, 2013.