À près de 2% de la charge d’un smartphone. Bien qu’il soit très difficile d’estimer précisément la consommation énergétique, électrique, d’eau, de métaux rares et autres matières premières de l’IA en raison du manque de transparence des firmes et start-ups de la tech et des méthodes de calcul qui font considérablement variées les estimations (cycle de vie de l’IA, entraînement, inférence des modèles), l’association Gen AI Impact a développé un outil Ecologits pour évaluer la consommation électrique en kWh, la consommation d’énergie primaire, le potentiel de réchauffement climatique, l’épuisement des ressources abiotiques (ressources naturelles non vivantes, telles que le sol, l’eau, les minerais) de l’IA dans le souci d’une utilisation responsable de ces technologies à l’impact environnemental redoutable. En effet, la consommation électrique des data centers nécessaires à l’IA explose depuis 2017 sans aucune planification spécifique, notamment en France. Elle provoque des conflits d’usage (Irlande, Espagne, Chili, Pays-Bas, États-Unis, Marseille, etc.), ralentit la décarbonation des industries et des économies, retarde voire hypothèque la transition énergétique et émet davantage de CO2, ce qui est contraire aux trajectoires de réduction des gaz à effet de serre exigées par le réchauffement climatique et la crise écologique. Le gain d’efficacité généré par l’IA est moindre au regard des externalités négatives de l’outil. Le rapport de The Shift Project prévoit qu’à l’horizon 2030, sans évolution majeure dans les dynamiques actuelles, la consommation électrique mondiale des centres de données pourrait atteindre jusqu’à 1500 TWh/an, trois fois la consommation électrique de l’Allemagne. Il préconise donc comme de nombreux scientifiques d’utiliser si possible des modèles petits et moins généralistes, donc moins consommateurs, de limiter le déploiement de l’IA aux utilisateurs et aux utilisations jugées prioritaires, pour rendre l’IA plus compatible avec le budget carbone.

En savoir plus:

• Rapport, «Intelligence artificielle, données, calculs : quelles infrastructures dans un monde décarboné?», The Shif Project, 1er octobre 2025.
• Alexandre Piquard, «La croissance de l’IA sera insoutenable sans planification, alerte le Shift Project», Le Monde, 1er octobre 2025.
• Léa Prati, Romain Geoffroy, «Pourquoi notre utilisation de l’IA est un gouffre énergétique», Le Monde, 11 juin 2025.
• Anne-Laure Ligozat, Alex De Vries, «IA générative : la consommation énergétique explose», Polytechnique Insights, le 13 novembre 2024.
• «La multiplication des data centers attise la colère», Courrier international, 4 décembre 2025.
• Cyprien Boganda, « »On est un peu les sacrifiés de la Data City! »: à Marseille, les data centers colonisent les quartiers populaires», l’Humanité, 8 août 2025.

Eugene Debs (1855-1926). Né en 1855 en Indiana aux États-Unis, Eugene Debs est cheminot, militant syndical puis politique, élu démocrate au Sénat local en 1884. Il dirige l’American Railway Union et mène la grande grève de 1884 réprimée par l’armée fédérale à Chicago. Il fonde le syndical Industrial Workers of the World en 1905. Emprisonné à plusieurs reprises pour son engagement et son discours anti-guerre, il fonde le parti socialiste américain et se présente comme candidat à l’élection présidentielle à cinq reprises. En 1912 puis en 1920, depuis la prison, il recueille presque un million de voix. Mais la dynamique ne dure pas en raison d’incessantes scissions, de guerres internes et de l’opposition de Debs et du parti à l’entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, un choix qui amène des défections importantes, des persécutions et une répression féroce. Militant anticapitaliste et anti-guerre, Charles E. Ruthenberg fonde le Parti communiste en 1919, après avoir milité au Parti socialiste, ce qui lui vaut d’être constamment arrêté et emprisonné. Son surnom fut d’ailleurs « America’s Most Arrested Man ».

En savoir plus :

• Pierre Guerlain, «Mamdani: La vraie gauche triomphe à New York», la chronique de Recherches internationales, novembre 2025.
• Christophe Deroubaix, « »Je suis musulman. Je suis socialiste. Et, je refuse de m’excuser pour tout cela » : avec Zohran Mamdani, la promesse d’une « aube nouvelle »», l’Humanité, 5 nov. 2025.
• Fabien Escalona, «Pourquoi le socialisme n’a jamais pris aux États-Unis», Mediapart, 9 mai 2025.

France Médias. S’il était adopté, ce texte modifierait la loi du 30 septembre 1986 dite «loi Léotard» relative à la liberté de communication. Tel qu’amendé au Sénat en deuxième lecture, il prévoyait la création au 1er janvier 2026 d’une société holding dénommée «France Médias», qui regrouperait France Télévisions (France 2, 3, 4 et 5, France info, le réseau outre-mer La 1re et sa plateforme numérique france.tv), Radio France (France Inter, France Culture, France Musique, FIP et Mouv’, France Bleu, la chaîne info franceinfo -en collaboration avec France Télévisions, les orchestres et chœurs) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) transformé en société anonyme alors qu’actuellement l’INA est un établissement public industriel et commercial. Cette holding aurait été chargée de définir les orientations stratégiques des trois structures et de veiller à la cohérence et à la complémentarité de leurs offres de programmes. Le capital des sociétés France Médias aurait été détenu directement et à 100% par l’État. La disparition de la diversité éditoriale, la fragilisation de l’indépendance journalistique, et l’extrême concentration du pouvoir sont autant de risques mis en avant par les opposants à cette réforme dont les enjeux sont de faire des économies.

En savoir plus:

• Voir le dossier de Silomag #20 Médias sous influences: Argent et extrêmes droites / Alternatives, nov. 2025.
• Jérôme Clément, «Service public et réforme de l’audiovisuel», Silomag, n° 20, nov. 2025.
• Michel Diard, «Réformer l’audiovisuel? Chiche!», Silomag, n°20, novembre 2025.

70% de taux de grévistes moyens selon les sources de la SNCF dont près de 80% pour les ouvriers et employés, 60% pour la maitrise et fait exceptionnel plus de 30% pour les cadres. Après une énorme participation à la grève du 24 novembre 1995, comme une trainée de poudre, les assemblées générales quotidiennes voteront la poursuite de la grève dans tous les départements. Pendant 21 jours environ, aucun train ne circulera sur le réseau, ce qui contribuera à installer le covoiturage dans le pays. Principalement ancrée dans le secteur public et la fonction publique, la grève s’est répandue à la Poste, dans l’Énergie, à l’Éducation nationale, à la RATP… Les salariés du privé, de l’industrie, du commerce comme les étudiants ne seront pas absents du mouvement qui sera ponctué de six grandes journées de manifestations interprofessionnelles, dont celle du 12 décembre qui réunira plus de 2 millions de manifestants. Si le retrait du plan Juppé et du contrat de plan pour la SNCF était au centre des revendications, ces réformes symbolisaient un rejet plus large des politiques à l’œuvre affaiblissant les services publics, les garanties collectives et précarisant le travail. Cette mobilisation sociale, l’une des plus fortes qu’ait connue le pays depuis 1968, a permis la remise en plat du contrat de plan sur le devenir de la SNCF, l’arrêt des restructurations ou filialisations en cours, le maintien de tous les dispositifs statutaires des cheminots dans les domaines de la retraite et de protection sociale. De son côté, le plan Juppé qui entérinait notamment le processus d’étatisation de la Sécurité sociale survivra aux grèves et manifestations ; la délégation, à quelques secteurs clés, de la responsabilité de faire plier le gouvernement sur l’avenir de la sécu via une forme de « grève par procuration » n’a pas permis de réunir les conditions pour l’emporter totalement.

En savoir plus :

•  Bernard Thibault, «Les grandes grèves de 1995. Il y a 30 ans, la sécu (encore) attaquée !», Focus de l’exposition numérique de la Fondation Gabriel Péri 80 ans de sécurité sociale réalisée en partenariat avec l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie (salle 9), septembre 2025.
• Rencontre de Cairn avec Sophie Béroud organisée en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri : «Classes populaires et syndicalisme: quelles reconfigurations?», 14 novembre 2025. La vidéo est accessible gratuitement jusqu’au 18 décembre 2025 (104 min).
• Sophie Béroud, «Plan Juppé, 30 ans après: « 1995 clôt une décennie noire pour le syndicalisme »», L’humanité, 23 novembre 2025.

Aristide Briand (1862-1932) a été en première ligne en tant que rapporteur provisoire puis définitif de cette loi majeure. En présentant son rapport, il souhaite «prouver que la seule solution possible aux difficultés intérieures, qui résultent en France de l’actuel régime concordataire, est dans une séparation loyale et complète des Églises et de l’État» et qu’il s’agit du «seul régime où la paix puisse s’établir entre les adeptes des diverses croyances». Entre 1902 et 1904, huit propositions de loi (initiatives parlementaires) sont déposées à la Chambre des députés afin de dénoncer le Concordat, abolir le budget des cultes ou encore consacrer la séparation de l’Église et de l’État. Ces propositions seront discutées en Commission qui élaborera un avant-projet dont l’essentiel sera repris dans le projet de loi déposé par le président du Conseil Rouvier, qui après discussion par les deux chambres, sera adopté le 6 décembre 1905 et promulgué au JO le 11 décembre. De son côté, Émile Combes (1835-1921), du parti radical, président du Conseil entre juin 1902 et janvier 1905 fut particulièrement actif dans les politiques anticléricales menées au tout début du XXe siècle, interdisant presque toutes les congrégations, rompant les relations diplomatiques de la France avec le Vatican… Pour autant, il tint un rôle marginal dans l’élaboration de la loi de Séparation. En effet, il entendait surtout maintenir un contrôle de l’État sur les Églises dans un esprit néogallican, à l’opposé des logiques de séparation. Sur fond de mobilisations diverses animées notamment par les 40 000 membres de la Ligue des droits de l’Homme ou les 120 000 membres de la Libre Pensée, Jean Jaurès, avec nombre de socialistes, se sont particulièrement investis dans la défense de cette loi qui illustre la capacité du parlement à concevoir et voter les lois parmi les plus structurantes de notre histoire républicaine.

En savoir plus : 

• Aristide Briand, Rapport fait au nom de la commission relative à la Séparation des Églises et de l’État chargé d’examiner le projet de loi et les diverses propositions de loi concernant la séparation de l’Église et de l’État, n°2302, (huitième législature), session de 1905, annexé au procès verbal de la 2e séance du 4 mars 1905.
• Dossier «Séparation des religions et de l’État», La Pensée, n° 383, 2015.
• Jean-Paul Scot, «Liberté-égalité-laïcité. Genèse, caractères et enjeux de la loi de 1905», Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 100, 2007, pp. 161-183.
• Voir également les Trésors de la Pensée, qui recensent les différents articles publiés dans cette revue autour de la thématique de la laïcité.

L’hippopotame serait aujourd’hui, selon des scientifiques, le plus proche parent vivant des cétacés. Ces derniers descendent des artiodactyles (mammifères ongulés à doigts pairs), proche des hippopotames actuels. Leurs premiers ancêtres sont les Pakicetus (il y a environ 50 millions d’années) qui font partie des plus anciens cétacés connus. Ils vivaient près des rivières et avaient des pattes adaptées à la marche, mais leurs crânes montrent des adaptations auditives typiques des cétacés. Durant cette longue période de transformation, les membres antérieurs se sont aplatis et élargis pour former des nageoires. Une nageoire caudale horizontale s’est développée (contrairement aux poissons, dont la nageoire est verticale), permettant une propulsion efficace. Les narines se sont déplacées vers le haut du crâne, formant l’évent. Des fanons pour filtrer le plancton sont apparus il y a environ 30 millions d’années. Des gisements du Pakistan et de l’Égypte ont livré des fossiles clés comme Pakicetus, Ambulocetus et Basilosaurus, illustrant la transition des cétacés. La transition de certains mammifères terrestres vers la vie marine est l’un des exemples les plus fascinants du processus de l’évolution.

En savoir plus :

• «La grande évolution des cétacés, à la conquête des océans», Muséum national d’histoire naturelle, oct. 2023.
• «Les cétacés ont-ils gardé le sens de l’odorat?», film réalisé par Didier Boclet et Christophe GombertCNRS Images, 2018 (6 min 35).