684 milliards d’euros. Les traités européens interdisent le financement des États par les banques centrales de la zone euro. Mais, depuis 2009, la crise financière a obligé la Banque centrale européenne à déroger, dans les faits, à cette interdiction, pour empêcher les taux d’intérêt d’augmenter au point de devenir ruineux pour les États emprunteurs. Au 31 octobre 2024, les banques centrales de la zone euro détenaient ainsi 4 400 milliards d’euros de titres, majoritairement publics (obligations du Trésor), acquis sur décision de la BCE pour les besoins de la politique monétaire. Elles n’ont pas acheté directement ces titres dès leur émission, mais elles les ont rachetés ensuite à leurs premiers détenteurs, sur le «marché secondaire» où ils circulent de main en main. Dans ce cadre, à la même date, la Banque de France avait acquis, pour sa part, 684 milliards de titres émis par les administrations publiques françaises (État, collectivités territoriales et Sécurité sociale). En d’autres termes, la Banque de France a fait usage de son pouvoir de création monétaire pour racheter plus de 20% de la dette publique du pays (près de 700 milliards sur 3 300 milliards).
Ce faisant, la BCE et la Banque de France n’ont fait que valider les choix imposés par les financiers qui acceptent d’acheter des titres émis par l’État français. Leur pouvoir de création monétaire leur permettrait pourtant de cibler, au contraire, des projets de développement des services publics démocratiquement décidés dans chaque pays de l’Union européenne, en finançant un fonds de développement économique, social et écologique européen. Elles permettraient ainsi aux États de ne plus dépendre des marchés financiers.
En savoir plus :
Dossier Faut-il avoir peur de la «dette»?, Économie & Politique, n° 840-841, juillet-août 2024.