Gustavo Petro en Colombie, premier président de gauche élu, en juin 2022, avec sa colistière, Francia Marquez, afrodescendante, militante des droits humains et contre l’extraction minière. Ancien guérillero du M-19, sénateur et maire de Bogota, Gustavo Petro a lancé plusieurs réformes ambitieuses pour construire l’État social et instaurer la paix dans un pays miné par soixante ans de conflit armé alimenté par le trafic de drogue et le paramilitarisme encouragé par la droite et l’extrême droite au pouvoir. La loi sur la paix totale, votée en novembre 2022, prévoit d’ouvrir des négociations avec tous les groupes armés illégaux des guérilleros aux motivations politiques aux paramilitaires – milices d’extrême droite – en passant par les trafiquants de drogue recrutant des jeunes et des enfants. Dans une vision globale de la paix portée localement par les groupes communautaires, la loi a également pour ambition de favoriser la transformation des conditions sociales et économiques dans des territoires où l’État est absent (accès à l’eau, à la nourriture, aux infrastructures, aux soins à l’éducation, préservation d’un environnement sain). Si plusieurs cessez-le-feu ont été négociés avec l’Armée nationale de libération (ELN), les FARC-EMC, branche dissidente des FARC démobilisés et entrés dans la vie civile depuis les Accords de paix de 2016, les résultats sur le terrain se font attendre. Exécutions, enlèvements, persécutions et affrontements se poursuivent. Cette vision se heurte à de nombreuses critiques, car elle offre à des acteurs criminels la possibilité de bénéficier d’un traitement différencié plus indulgent en échange de leur retour à la légalité. La paix totale propose une autre approche de la lutte contre la drogue après les échecs de la guerre anti-drogue financée par les États-Unis.
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