5. En Hongrie, Victor Orban, chantre de l’illibéralisme, cofondateur et chef du Fidesz, est au pouvoir depuis 2010. En Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia, vainqueur des législatives d’octobre 2022, est à la tête d’une coalition avec Forza Italia et la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Si l’extrême droite néofasciste a participé à plusieurs reprises au pouvoir – depuis les années 1990 à l’initiative de Silvio Berlusconi –, c’est la première fois, depuis la Seconde Guerre mondiale, que l’extrême droite dirige l’exécutif, qui plus est dans un pays fondateur de l’Union européenne. En Finlande, le parti de centre droit de la Coalition nationale arrivée en tête des élections législatives du 2 avril 2023, gouverne en coalition avec le Parti des Finlandais d’extrême droite (arrivé deuxième), le parti des Suédois de Finlande et les chrétiens-démocrates. Le Parti des Finlandais s’est vu attribuer les postes clés de vice-premier ministre et de ministre des Finances. En Slovaquie, le Smer-SD (Direction sociale-démocrate, centre gauche) gagnant des élections législatives en septembre 2023, a formé une coalition avec SNS, Parti national slovaque d’extrême droite. Mais cette coalition a été battue lors de la présidentielle du 23 mars dernier dont le premier tour a été remporté par le candidat libéral pro-européen. Enfin en Suède, les Démocrates de Suède, parti d’extrême droite arrivé deuxième aux législatives de septembre 2023, soutiennent le gouvernement de coalition dirigé par Les Modérés, parti libéral conservateur. Les Pays-Bas où le PVV, Parti pour la liberté d’extrême droite, est arrivé largement en tête lors des législatives de novembre 2023 pourraient rejoindre cette liste si les autres forces politiques rompent le cordon sanitaire qui résiste encore. Au Portugal, si Chega, parti d’extrême droite, a réalisé une percée inédite aux élections de mars 2024, le parti de centre droit s’est refusé à toute alliance avec lui.
Selon certaines projections, les forces d’extrêmes droites pourraient arriver en tête des élections européennes dans cinq à neuf États membres sur vingt-sept (Belgique, France, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Pays-Bas, Italie, Hongrie).
En savoir plus:
- «Les extrêmes droites en Europe. État des lieux et perspectives», tables rondes organisées par la Fondation Gabriel Péri, 14 & 22 mars 2024.
- Vincent Boulet, «Évolution politique en Europe : dangers !», dossier Turbulences européennes, La Pensée, n°417, janvier-mars 2024.
- Oliviero Marchese, Mathieu Gallard, «Européennes : vers une progression de la droite radicale au Parlement européen?», Ipsos, 19 mars 2024.