Les déplacements internationaux aériens. La majorité des sites existaient avant les JOP. Les nouvelles constructions ont été limitées et sont «éco-responsables». Le village olympique est alimenté en géothermie et conçu de façon à limiter l’utilisation de la climatisation grâce à une température intérieure inférieure de six degrés à la température extérieure en cas de canicule. Le bois et les matériaux écologiques ont été privilégiés. Les sites accueillant les événements sont raccordés au réseau électrique contrairement à l’usage selon lequel l’alimentation en électricité était jusqu’alors assurée par des groupes électrogènes fonctionnant au diesel. Lors des JO de Londres, 4 millions de tonnes de diesel avaient ainsi été consommées ! Par contre, aucune action n’a été entreprise pour réduire l’impact des déplacements internationaux, premier poste d’émission des JOP.
Comme le préconise le Shift Project dans son rapport intermédiaire sur l’empreinte carbone des JOP Paris 2024, il aurait été pertinent de favoriser des offres pour les mobilités bas carbone et de privilégier la vente de tickets aux visiteurs locaux ou proches. Des fans-zones auraient pu être installées sur les différents continents de façon à limiter les déplacements aériens. Le budget carbone fixé à 58 millions de tonnes de CO2 équivaut aux émissions annuelles de 100 000 à 150 000 habitants. Début juin un tiers de celui-ci avait déjà été consommé. Le décompte final sera publié en octobre.

En savoir plus:

• Jade Lindgaard, Une ville face à la violence olympique, éditions divergences, 2024.
• Rapport du Shift Project, Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Faire face au défi climatique et énergétique des déplacements internationaux, version provisoire 20 juin 2024.
• «Les JO de Paris 2024 sont-ils vraiment écolos?», Émission C’est pas du vent, RFI, 26 juillet 2024.

Maurice Thorez et le Parti communiste. C’est le PCF qui a été à l’initiative de ce mot d’ordre en octobre 1934. Quelques mois avant, en juillet, le PCF avait signé avec le PS un pacte d’unité d’action. Il décide d’élargir l’alliance antifasciste en proposant le mot d’ordre du Front populaire «Pour le pain, la paix et la liberté» en s’adressant au Parti radical, principale force électorale à gauche, mais dont des ministres étaient au gouvernement avec la droite. Dans un premier temps, les socialistes sont réticents et les radicaux silencieux, mais l’accueil syndical est favorable. C’est à l’occasion des élections municipales du printemps 1935, puis des fêtes du 14 juillet que l’accord se met en place, y compris à la Chambre des députés sous la forme d’une délégation des gauches. Dans la mémoire collective, le Front populaire est associé à Léon Blum parce qu’il est devenu chef du gouvernement en 1936 après la victoire électorale du Front populaire.

En savoir plus:

• «La bataille du Front populaire», série en 16 épisodes publiée dans l’Humanité, en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, juin-juillet 2024.
• Maurice Thorez, «Les communistes et le Front populaire. Discours prononcé à la session de comité central du Parti communiste des 1 et 2 novembre 1934», Fonds des brochures numérisées de la Bibliothèque marxiste de Paris, 46 p.
• Serge Wolikow, 1936. Le monde du Front populaire, le Cherche-Midi, 2016.
• Xavier Vigna, Jean Vigreux, Serge Wolikow (dir.), Le pain, la paix, la liberté – expériences et territoires du Front populaire, éditions sociales, 2006, 367 p..

Ismail Kadaré (1936-2024), le plus connu des écrivains albanais, auteur d’une œuvre considérable (une cinquantaine de titres dont des romans, essais, poèmes, pièces de théâtre) traduite en plus de quarante langues. Après ses études littéraires à Tirana, il est envoyé à l’institut Maxime Gorki à Moscou pour apprendre le réalisme socialiste. Or, en 1960, l’Albanie se rapproche de la Chine et rompt avec l’Union soviétique (cette rupture est racontée dans L’Hiver de la grande solitude, Fayard, 1999). Kadaré est obligé de revenir chez lui où il entame une carrière de journaliste. Son premier roman Le général d’une armée morte est un succès. Il est traduit d’abord en français, puis en d’autres langues. C’est l’histoire d’un général et d’un prêtre, tous deux italiens qui ont pour mission de retrouver les restes des militaires morts sur le sol albanais pour les restituer à leur famille. La tâche paraît noble, mais la mission s’enlise sur les terres peu accueillantes qui ont forgé le caractère dur des autochtones perpétuant la haine des envahisseurs. Le succès international protège Kadaré de nombreuses critiques. En effet, dans le pays dirigé par Enver Hodja, il n’est pas anodin de prendre pour héros un agent de l’impérialisme. Kadaré est accusé d’introduire la décadence occidentale dans la littérature nationale. Il continue à «écrire pour survivre sous la dictature», selon ses propres mots et est considéré comme l’une voix universelle contre le totalitarisme, le dénonçant toujours de façon métaphorique. Ainsi Le palais des rêves (1981) est sans doute le roman le plus emblématique dans ce sens. Ce palais est un ministère qui est chargé de recenser et de transcrire tous les songes des habitants. Sous prétexte d’assurer leur sécurité, il s’agit de contrôler non seulement leurs faits et gestes, mais aussi leurs pensées les plus secrètes. À cause de ses écrits subversifs, il est en disgrâce en Albanie. Ses livres sont publiés essentiellement en France et à l’étranger. Ne se sentant plus en sécurité, il émigre en France où il obtient l’asile politique en octobre 1990. Depuis 1996, il est membre associé (à vie) de l’Académie des sciences morales et politiques, où il a remplacé le célèbre philosophe Karl Popper. Il reçoit le Prix international Man Booker en 2005, le Prix Princesse des Asturies de littérature en 2009 et le Prix Jérusalem en 2015.

En savoir plus:

• Consulter les œuvres de Kadaré publiées chez Fayard.
• Voir Ismail Kadaré dans l’émission Apostrophes de Bernard Pivot le 19 février 1988 avec un extrait du film Le général d’une armée morte.
• «L’écrivain albanais Ismail Kadaré», interview de Catherine Fruchon-Toussaint, émission Littérature sans frontières, RFI, 14 avril 2017, 19’30 min.
• Florence Noiville, «Ismail Kadaré, le grand écrivain albanais, est mort à 88 ans», Le Monde, 01 juillet 2024.

58. Plus de la moitié des concurrents d’EDF ont surévalué leur prévision en besoin d’électricité et spéculé sur les cours de l’énergie. Onze d’entre eux ont demandé un volume d’Arenh (électricité produite à partir du nucléaire vendu à prix préférentiel par EDF aux concurrents) deux fois supérieur à ce qui leur était nécessaire pour satisfaire les besoins de leurs clients. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) leur a infligé le paiement de pénalités. Elle a par ailleurs saisi le Comité de règlement des différends et sanctions (Cordis) pour trois d’entre eux soupçonnés d’abus. Le Cordis a récemment fait part de sa décision concernant Ohm énergie. Le fournisseur écope d’une sanction de 6 millions d’euros pour avoir illégalement revendu sur le marché de gros à plus de 250 €/MWh de l’électricité achetée à EDF au tarif de 42 €/MWh. C’est la première fois qu’un tribunal arbitral prend une telle décision. C’est notamment grâce à l’engagement du sénateur communiste Fabien Gay et de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) qui avait saisi la Commission de régulation de l’énergie dès début 2022.
Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, précédemment lobbyiste de Danone et ministre du Logement du gouvernement Castex, a déclaré en mars dernier s’agissant du marché de l’électricité: «Aujourd’hui, c’est la jungle»! Cette libéralisation sauvage s’est traduite par une augmentation de 36% du montant des factures des usagers concernés. Le paiement des pénalités et amendes qui vont aujourd’hui dans les caisses de l’État devrait permettre de rembourser les consommateurs à travers un fonds d’indemnisation comme le propose le sénateur et directeur du journal l’Humanité, Fabien Gay.

En savoir plus:

• «Électricité: « Des centaines de millions d’euros ont été volés aux usagers » par des fournisseurs alternatifs, affirme Fabien Gay», l’Humanité, 15 juillet 2024.
• Aurélien Bernier, «La liquidation du service public de l’énergie: un bilan désastreux», Silomag, n°18, mai 2024.
• Vidéo du webinaire, «La transformation néolibérale du secteur de l’énergie: bilan et alternative», Fondation Gabriel Péri, 16 mai 2024.
• L’énergie: bien commun de l’humanité?, Actes du colloque de la Fondation Gabriel Péri, mars 2024.
• Fabrice Pouliquen, «Du ménage à faire chez les fournisseurs alternatifs», Que choisir?, 11 mars 2024.

69. Le groupe CRE composé notamment du parti de Georgia Meloni, Fratelli d’Italia, et du parti Droit et justice de Pologne (PIS) passe de 69 à 78 députés. Identité et Démocratie (ID) qui comptaient 49 députés disparaît, faisant place à deux nouveaux groupes. Le plus important se nomme Patriotes pour l’Europe. Il est présidé par Jordan Bardella et compte 84 députés dont 30 du Rassemblement national, des membres du Fidesz de Victor Orban (Hongrie) qui préside actuellement l’Union européenne pour six mois, du parti tchèque ANO, de Vox d’Espagne, de Chega du Portugal, du Vlams Belang de Belgique, du PVV des Pays-Bas, du FPÖ d’Autriche ou encore de la Lega d’Italie. L’autre groupe, l’Europe des Nations souveraines (ENS), auquel appartient notamment l’Alternativ für Deutchland (AFD), compte 25 membres.

Dans le Parlement sortant, les non-inscrits étaient plus nombreux (62) et comprenaient par exemple les membres du Fidesz et de l’AFD. Les premiers avaient été exclus du Parti populaire européen en raison des atteintes à la justice et aux droits fondamentaux en Hongrie ; les seconds ont été exclus de ID à cause des propos négationnistes et antisémites tenus par leurs membres. Désormais, ils font partie intégrante de groupes politiques constitués, ce qui leur permet d’acquérir des moyens supplémentaires et davantage d’influence.

Alors que la droite conservatrice du PPE se renforce (+12, 188 sièges), les libéraux de Renew Europe et les Verts sont les grands perdants avec -25 (77) et -18 députés (53). Les Socialistes et démocrates (S&D) perdent 3 sièges (136). La Gauche (GUE/NGL) gagne quant à elle 9 sièges passant de 37 à 46 députés, en raison de l’accueil en son sein des membres du mouvement italien des 5 étoiles, non inscrits auparavant.

En savoir plus:

• Hugo Palacin, mis à jour par Valentin Ledroit, «Élections européennes 2024: quelle est la composition du nouveau Parlement européen?», Toute l’Europe, 17 juillet 2024.
• Jean-Jacques Régibier, «Parlement européen : la gauche en minorité et en résistance contre l’extrême droite», l’Humanité, 18 juillet 2024.
• «Les extrêmes droites en Europe. État des lieux et perspectives», tables rondes organisées par la Fondation Gabriel Péri, 14 & 22 mars 2024.
• Vincent Boulet, «Évolution politique en Europe : dangers !», dossier Turbulences européennes, La Pensée, n°417, janvier-mars 2024.

CrowdStrike. Ce «bug mondial» qui a touché de nombreux aéroports, hôpitaux, banques, marchés financiers ou encore entreprises à travers le monde a été généré par le dysfonctionnement lié à une mise à jour défectueuse d’un logiciel de sécurité, édité par CrowdStrike, qui est inclus dans la suite Windows Office de Microsoft. Même si le bug a pu être corrigé en quelques heures, il soulève de nombreuses interrogations sur notre dépendance et sur la vulnérabilité des systèmes informatiques. La dépendance est double. D’une part, les systèmes informatiques sont contrôlés par quelques mégagroupes hyperconcentrés. À titre d’exemple, Microsoft édite le système d’exploitation présent sur les trois quarts des ordinateurs de bureau dans le monde. D’autre part, ces géants sont essentiellement américains, l’Europe étant à l’heure actuelle absente d’une architecture informatique pourtant stratégique pour le fonctionnement de nos sociétés. En France, l’essentiel du parc informatique de l’État, de la Défense à l’éducation nationale, est aux mains de Microsoft, à l’exception notable de la gendarmerie, sous logiciel libre. Quant à la vulnérabilité, l’étendue des dégâts provoqués par un simple bug donne à réfléchir sur la fragilité de notre organisation.

En savoir plus:

• Pierric Marissal, «Ce que révèle le bug informatique mondial sur la mainmise de Microsoft», l’Humanité, 21 juillet 2024.
• Rapport d’information déposée par la commission de la Défense nationale et des Forces armées en conclusion des travaux d’une mission flash, constituée le 15 mars 2023, sur les défis de la cyberdéfense, présenté par les députés Anne Le Henanff (Horizons) et Frédéric Mathieu (LFI), 17 janvier 2024, pp. 73-76.
• Audrey et Simon Woillet, «La sécu au risque de la e-santé», Silomag 15, juillet 2022.