31%. Par rapport à la décennie précédente, la déforestation a augmenté de 75% en moyenne annuelle sous Bolsonaro, ancien président d’extrême droite, allié du lobby agroindustriel. Les peuples amazoniens ont établi, dans un rapport de septembre 2022, que 26 % de l’écosystème du poumon vert de la planète est irréversiblement détruit. Lula a fait de la lutte contre ce fléau une priorité et a défini un objectif de zéro déforestation en 2030. Si cette nouvelle est encourageante, il faut attendre la fin de la saison sèche où les incendies sont plus nombreux pour voir si cette tendance positive, essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique, se confirme. Alors que l’Europe est le deuxième importateur de déforestation au monde, juste derrière la Chine, le Parlement, la Commission et le Conseil européens ont adopté en septembre 2022 un texte législatif qui prévoit l’entrée en vigueur, début 2024, d’un règlement bannissant les produits tels que le soja, l’huile de palme, le cacao, le bois, le café, le bœuf, le caoutchouc et certains produits dérivés (cuir, chocolat, meubles) si les industriels ne peuvent pas faire la preuve qu’ils ne sont pas issus de la déforestation. Celle-ci constitue également une préoccupation centrale dans la relance des négociations pour un traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.

En savoir plus:

• «Brésil: après le néofascisme, la reconstruction», Vidéo de la Rencontre de la Fondation, 3 juillet 2023.
• APIB, «Seuil temporel: le Tribunal Supérieur Fédéral suspend les débats sur demande d’un délai supplémentaire du juge André Mendonça», Autres Brésils, 9 juin 2023.
• APIB, «Réglementation sur l’importation des produits à risque forestier, une proposition pas à l’hauteur des enjeux globaux», Autres Brésils, 20 septembre 2022.

Les trois! La colonie des Mathes ouvre en 1926. Pour parvenir au soutien de la population, Georges Marrane crée les «vacances populaires enfantines» et les kermesses qui rassemblent des milliers d’Ivryens pour la soutenir. Les enfants et familles partent en fanfare jusqu’au train de nuit qui les emmène aux Mathes. Les objectifs premiers sont de leur permettre d’«avoir du bon air» et de connaitre une expérience collective et communautaire, un lieu où se retrouver dans le partage d’activités de loisirs. Un lieu pour faire «l’enfant roi en leur donnant tout ce qui est possible malgré le capitalisme». Puis la colonie devient un laboratoire d’expériences pédagogiques au service d’une République enfantine inspirée par le mouvement des faucons rouges. La colonie des Mathes sera aussi un lieu d’accueil des réfugié.é.s espagnol.e.s en 1939. Presque 100 ans plus tard, cette colonie existe toujours et accueille, après les grands-parents et parents, les enfants de la ville qui, par milliers, l’ont fréquentée.

En savoir plus:

• Laura Lee Downs, Histoire des colonies de vacances, de 1880 à nos jours, Paris, Perrin, 2009, 433 p.
• Archives départementales du Val-de-Marne : vidéos les colonies de vacances des Mathes (1947).
• Emmanuel Bellanger, Ivry banlieue rouge, Éditions Créaphis, 2017
• Maria Bell-Lloch, Mes jeunes années. Une fillette dans la tourmente de la guerre d’Espagne, L’Harmattan, 2007.
• Maurice Thorez et Georges Marrane visitent la colonie de vacances des Mathes, documentaire, Ciné archives, 1945.

Raymond Devos (1922-2006), humoriste franco-belge. Il est acteur lorsque, au hasard d’un dialogue avec un maître d’hôtel, il trouve la clé de ce qui le rendra célèbre: les jeux de mots avec la langue française, le goût du paradoxe. Il demande à voir la mer. La réponse est «Vous n’y pensez pas, la mer est démontée». «Quand la remontera-t-on?» demande-t-il. «C’est une question de temps». Cet échange donne l’occasion de son premier sketch. Des dizaines d’autres suivront. Toujours plus fins, plus drôles et emmenant le public toujours plus loin dans son imaginaire. La touche d’élégance, le refus de toute vulgarité, la note poétique apportée à ses spectacles en ont fait un humoriste inégalable. Il fut acteur et, entre autres, a écrit les dialogues de La raison du plus fou de François Reichenbach ainsi que trois romans. Ce génie du verbe est trop oublié.

En savoir plus:

• L’œuvre et la biographie sur le site de la Fondation Raymond Devos
• Série d’émissions «Une vie d’artiste: entretiens avec Raymond Devos» sur France Culture
• Raymond Devos «Parler pour ne rien dire» et autres vidéos sur YouTube INA
• La raison du plus fou, comédie de François Reichenbach, 1973 sur le site Allociné

1982. C’est par une ordonnance du 13 janvier 1982 que la cinquième semaine de congés payés est instaurée. En 1936, après un mouvement d’une ampleur sans précédent qu’on appellera les «grèves de la joie» au cours duquel deux millions d’ouvriers ont occupé leur lieu de travail, immobilisé des machines et empêché le patronat d’employer du personnel de remplacement, deux semaines de congés payés sont conquises pour tous les salariés. La loi du 27 mars 1956 généralise la troisième semaine déjà accordée par la Régie Renault à ses employés. La quatrième semaine de congés – une des revendications de mai 68 – est généralisée en 1969. Si la législation a ouvert la possibilité des vacances pour toutes et tous et a contribué à l’essor du tourisme populaire avec notamment le développement des colonies pour les enfants, nombre de travailleurs n’en profitent que de manière inégale. On remarquera que la législation a largement évolué au rythme des changements politiques et sociaux, signe que la réduction du temps de travail résulte de rapports de force.

En savoir plus:

• Florian Reynaud et Mailis Rey-Bethbeder, «Congés payés, trains, colos… Les dates qui ont changé les vacances», Le Monde, 2 août 2020.
• Morgan Poggioli, «L’expérience CGTU (1922-1936)», sur le site de la Fondation Gabriel Péri, PCF: une histoire centenaire.
• «Les congés payés, d’où ça vient?», CGT, 10 juillet 2023.
• Serge Wolikow, 1936, Le monde du Front populaire, Paris, Le Cherche-Midi, 2016.

Un enjeu de la lutte des classes. Les premières œuvres de Brecht dénoncent principalement l’hypocrisie de la morale bourgeoise, après la crise de 1929. Selon Francis Combes, «sa découverte du marxisme va le faire passer de la rupture morale avec la société à une critique sociale de la morale. Celle-ci sera désormais jugée du point de vue des intérêts opposés des classes en lutte». «La bouffe d’abord, la morale après», écrit Brecht dans L’Opéra des quat’sous. Ce matérialisme concret refuse le dualisme qui domine la morale idéaliste; il ne sépare pas le corps de l’esprit. Dans sa pièce La Bonne âme de Se-tchouan, Brecht traite de la «difficulté d’être bon dans un monde qui ne l’est pas». Le personnage principal, une prostituée, accueille chez elle des dieux qui cherchent une bonne âme vivant selon leurs commandements. Pour la récompenser, ils lui donnent un débit de tabac. Elle est très vite dépassée par sa bonté et s’invente un cousin qui ne fait pas de crédit. Dans la société capitaliste, les bons sentiments et la morale éternelle des dieux ne sont pas praticables. Il ne suffit pas être bon, il faut rendre le monde meilleur.

En savoir plus:

• Francis Combes, «De la difficulté d’être bon dans un monde qui ne l’est pas», La Pensée n°414, 2023.
• Lire également les autres articles du dossier «Brecht, matérialisme et morale» du n°414 de La Pensée

Par greffe de moelle osseuse. Celui qui est surnommé «le patient de Genève» a découvert son infection au VIH en 1990. Atteint d’une leucémie, il a bénéficié comme les cinq cas précédents, d’une greffe de moelle osseuse à la suite de laquelle son traitement antirétroviral a été progressivement arrêté. Vingt mois après la suspension de la multithérapie, les analyses n’ont détecté, dans son organisme, ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus. Ces rémissions nourrissent l’espoir d’éradiquer la maladie. Cette perspective demeure néanmoins encore lointaine dans la mesure où la greffe de moelle osseuse est une opération extrêmement lourde effectuée qu’en cas de maladie grave. Plus de 38 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, chaque année plus de 650 000 malades en meurent et 10 millions de personnes n’ont pas accès au traitement, faute de moyens. Si l’on arrive à traiter 100% des personnes infectées, les traitements d’aujourd’hui étant très efficaces – à titre curatif et préventif avec la prophylaxie pré-exposition (PrEP) –, le virus ne se développera plus. Il faut par ailleurs améliorer le dépistage.

En savoir plus:

• «Sida: nouvelle longue rémission pour un malade ayant subi une greffe de moelle osseuse», Libération, 20 juillet 2023.
• Françoise Barré-Sinoussi, Sida: «On doit arriver à éradiquer la maladie», Le Matin, 24 mars 2023.
• «Il est possible de mettre fin au sida d’ici 2030», ONUSIDA, 13 juillet 2023.